Illustration Vice © François Dettwiller
Les vendanges terminées, l’OIV a dressé un bilan sans appel : avec 250 millions d’hectolitres de vin prévus, 4 % de moins qu’en 2020, la production mondiale de 2021 est « à peine supérieure à celles historiquement faibles de 2017 ». Toujours selon l’OIV, la France est particulièrement touchée puisqu’elle enregistre une baisse de 27 % (34,2 millions d’hectolitres) par rapport à l’année précédente, rejoignant les prévisions de l’Agreste communiquées début août, le service statistique du ministère de l’Agriculture tablait sur une récolte en baisse de 24 à 30 %.
Si l’Espagne et l’Italie sont aussi concernées par cette baisse de production, certains pays européens parviennent à tirer leur épingle du jeu comme l’Allemagne (8,8 millions d’hectolitres), le Portugal, la Roumanie (hausse de 37 %) et la Hongrie qui enregistrent tous des récoltes supérieures à celles de 2020.
Cette troisième place s’explique par un enchaînement tragique de conditions météorologiques défavorables ; au gel printanier ont succédé des pluies diluviennes favorisant les épisodes de mildiou (notamment en Champagne et en Alsace) ou d’oïdium, phénomènes néfastes pour la vigne. Si certaines régions ont été plus épargnées que d’autres – l’interprofession des vins de Provence se félicitait d’avoir échappé aux précipitations et aux incendies – le volume de production est redescendu au niveau des récoltes de 1957.
Et déjà à l’époque, on invoquait « la situation catastrophique de la métropole : les gelées de printemps, les pluies, le mildiou, se sont ligués contre les vignerons ». Avec une production bien inférieure à la consommation intérieure, Henri Trinchet s’interrogeait dans Le Monde sur les mesures à prendre pour éviter les manques : « La situation est préoccupante, et il va falloir très vite soit réduire la consommation, soit mettre au point un plan d’importation de vin étranger. (…) Le procédé le moins injuste serait certes le rationnement autoritaire. Mais est-il possible, en raison de l’insuffisance des services administratifs et de contrôle et du fâcheux effet qu’aurait sur l’opinion une mesure rappelant les tristes années des restrictions alimentaires ? »
La France peut néanmoins se rassurer. Si elle est en queue de podium en termes de volumes, elle reste à la première place dans la valorisation des vins, boostée par la reprise des exportations après les mois de pandémie et la fin des droits de douane supplémentaires imposés par Donald Trump. Un soulagement pour les vignerons mais une légère angoisse pour les consommateurs ; la tension sur les stocks jusque-là relativement épargnés par la fermeture des restaurants et des bars pourrait être synonyme de pénurie en 2022.
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