La nomination d’Élisabeth Borne, pressentie depuis plusieurs semaines, a été officialisée par un communiqué de l’Élysée, dans la foulée de la démission de Jean Castex. La passation de pouvoir entre les deux est prévue à Matignon en début de soirée. Élisabeth Borne devra ensuite former son gouvernement, une tâche toujours délicate qui devrait intervenir dans les “jours qui viennent”, a-t-on indiqué dans l’entourage du président.
Le président de la République lui a confirmé sa feuille de route.
Chère @Elisabeth_Borne,
Madame la Première ministre,
Écologie, santé, éducation, plein-emploi, renaissance démocratique, Europe et sécurité : ensemble, avec le nouveau gouvernement, nous continuerons d’agir sans relâche pour les Françaises et les Français.— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 16, 2022
Élisabeth Borne “a la culture de l’État, du territoire et de l’entreprise” et a démontré “sa capacité à mener des réformes”, a souligné l’Élysée. “La transition écologique est au cœur de son engagement” et c’est “une femme de gauche avec un engagement social, notamment pour la jeunesse, avec l’apprentissage et le contrat d’engagement jeunesse”.
Membre du parti Territoires de Progrès, la future cheffe du gouvernement remplit plusieurs des critères fixés par Emmanuel Macron: passée par les cabinets de Lionel Jospin et Ségolène Royal, elle fait partie de la gauche de la majorité présidentielle. Entrée au gouvernement dès 2017, elle est passée par le ministère des Transports, du Travail mais aussi de la Transition Écologique. Ce qui lui donne, aux yeux de la Macronie, la crédibilité suffisante pour mener la priorité du quinquennat Macron II.
Borne “femme de gauche”? “Ne lui accordons pas ce label”, tacle Mélenchon
La nomination de la nouvelle Première ministre a évidemment fait réagir Jean-Luc Mélenchon, qui espère prendre sa place à Matignon à l’issue des législatives. Élisabeth Borne “incarnera la continuité de la politique du président de la République. C’est donc en quelque sorte une nouvelle saison de maltraitance sociale et écologique qui commence”, a déclaré le chef de La France Insoumise lors d’une brève prise de paroles.
“Madame Borne serait une femme de gauche, mais nous ne lui accrodons pas ce label”, a martelé l’ex-candidat à la présidentielle, avant de dresser un bilan peu flatteur des années Borne au ministère du travail: baisse des allocations chômage, ouverture à la concurrence de la SNCF, modification du statut des cheminot ou encore “celle qui refusait l’augmentation du SMIC”. “Je propose à madame Borne un débat afin de discuter de la politique qu’elle veut mettre en oeuvre et du bilan qu’elle a déjà”, a lancé Jean-Luc Mélenchon
À l’extrême droite, Marine Le Pen a aussi fustigé “la volonté [d’Emmanuel Macron] de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l’État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme.”
En nommant Elisabeth Borne comme Premier Ministre, Emmanuel Macron démontre son incapacité à rassembler et la volonté de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l’État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) May 16, 2022
Avant Élisabeth Borne, une seule femme a occupé – brièvement – l’hôtel de Matignon. Sur BFMTV, Édith Cresson a déploré les 30 ans écoulés avant une nouvelle nomination féminine et fustigé un ”évènement” propre à la France. “C’est un évènement parce que la France est ce qu’elle est, parce que la classe politique est ce qu’elle est”, à savoir selon elle “particulièrement arriérée”. “Mais ce n’est pas un évènement. Dans un autre pays, ce n’est pas un évènement”, a taclé l’ancienne ministre de François Mitterrand, en citant l’exemple de Margaret Tatcher au Royaume-Uni ou d’Angela Merkel en Allemagne.
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