AVANT-PREMIÈRE vendredi 15 décembre à 20h,suivie d’un échange en présence de membres de l’association Cultures Est.
Ilya POVOLOTSKI – Russie 2023 2h VOSTF – Avec Maria Lukyanova, Gela Chitava, Eldar Safikanov, Ksenia Kutepova, Alexander Cherednik, Semen Shteinberg…
Du 15/12/23 au 15/12/23
Un père et sa fille adolescente sillonnent la Russie à bord d’un van qui contient tous leurs biens et le matériel d’un cinéma itinérant. Ils organisent des projections en plein air dans les villages reculés. Lors de leurs pérégrinations, de brèves rencontres ponctuent leur solitude. Mais leur vie va basculer sur les rives de la mer de Barents.
C’est pour des moments comme celui-là qu’un festival harassant comme le rendez-vous cannois, où des dizaines de films se bousculent sans répit, vaut d’être vécu : un titre énigmatique, un jeune réalisateur non identifié, un synopsis qui ne veut pas trop en dire… Et à l’arrivée survient cette œuvre éblouissante, qui s’empare de toute l’étendue de l’écran pour l’habiter comme rarement et régénère le regard de fond en comble.
La Grâce, qui porte bien son nom (il fallait oser), est le premier long-métrage de fiction du Russe Ilya Povolotsky, né en 1987, diplômé en droit, auteur de deux documentaires après des débuts dans la publicité. Le film frappe d’emblée en ce qu’il restaure un cinéma de l’espace mêlant souffle de l’étendue et spleen des confins, qui semblait quelque peu tari, mais qu’on peut encore inscrire dans une lignée informelle reliant Au fil du temps (1976) de Wim Wenders, à Dans la ville blanche (1986) d’Alain Tanner, en passant par Stalker (1979) d’Andrei Tarkovski.
Un gaillard d’âge mûr, la toison roussie, le visage renfrogné, et une adolescente de 16 ans, font route ensemble à bord d’un van où brinquebale tout un capharnaüm. On ne sait pas immédiatement qui ils sont l’un pour l’autre, mais ils sillonnent des territoires reculés, aux lisières septentrionales du Caucase. Peu à peu, une routine se fait jour : le fourgon transporte un cinéma démontable, que le binôme installe dans les villages perdus, tout en distribuant snacks et boissons pendant la projection en plein air. Sous ce commerce nomade, qui ne fait plus vraiment recette, s’en cache un autre, plus discret : le trafic de bandes porno piratées, qui se refourguent sous le manteau, sur les aires d’autoroute, et valent parfois au duo d’être expulsé par des villageois furieux. Au fil de la route, la relation se précise, il est le père, elle est la fille, et leur destination : la mer…