Les statistiques concernant la religion catholique sont en déclin. Moins de fidèles, moins d’églises et moins de prêtres. J’en ai déniché deux, de deux âges différents à Montpellier. Quelles sont leurs réflexions sur les grandes questions sociétales ? Le mariage des prêtres ? L’assistance à mourir ? Les scandales de pédophilie au sein de l’Eglise ?
La vocation
En 2023, environ 45% des Français se définissent comme croyants, contre 66% en 1947.
Entre 2000 et 2020, le nombre de prêtres a chuté de 25.000 à environ 13.000. Les chiffres sont particulièrement préoccupants pour la religion catholique. Thierry, le technicien du son, et moi avons rendez-vous avec les prêtres de l’Église Don Bosco, située dans le quartier Antigone à Montpellier.
Le père Pierre Brugidou et le père Régis Coste nous reçoivent avec gentillesse et sourire.
L’Église s’intègre tellement bien aux bâtiments voisins qu’il est difficile de trouver l’entrée. Hélène, bénévole de la paroisse, nous accueille et nous présente nos deux interlocuteurs..
Qui va ( encore) à l’Église ?
Le nombre de mariages a, par exemple, été réduit de moitié entre 2008 et 2020.. Alors, qui fréquente encore l’Église en 2024 ?
La fréquentation des églises est en baisse. Sur les 29% de la population française qui se considère catholique, seulement 8% vont à l’Église. En comparaison, 20% des musulmans se rendent à la Mosquée et 34% des juifs à la Synagogue..
Je questionne les pères Brugidou et Coste sur leur expérience des chiffres dans leur quartier de Montpellier. Ils identifient un véritable enjeu de transmission au sein de notre société et affirment que la foi se transmet.
Le jeune père Brugidou ne se montre pas inquiet pour l’avenir. Pour lui, l’Église doit rapidement se réinventer.
Et si nous discutions des questions administratives ?
On sait qu’ils font vœu de pauvreté, mais concrètement, cela signifie combien par mois ?
Comme certaines professions, les prêtres ont des logements de fonction. Pierre et Régis exercent à la paroisse Saint Jean Baptiste du Lez, ils habitent donc sur place avec Michel Peyre, un prêtre officiellement à la retraite, mais qui demeure dans les murs.
Depuis le Narthex, c’est-à-dire le hall principal qui nous donne accès à l’église, le père Brugidou me montre la porte blanche qui mène à leur espace privé.. Ils sont tous logés sur site mais disposent chacun de leur propre appartement. Seules la cuisine et la salle à manger sont partagées.
Le salaire des prêtres est révisé tous les 2 à 3 ans en fonction de l’inflation.
Les sujets délicats
Les positions de l’Église sur certaines thématiques sociétales l’éloignent-elles du quotidien des citoyens ordinaires ? Je vais aborder les questions délicates, avec beaucoup de respect, avec mes deux interlocuteurs.
Pour le père Coste, le vœu de chasteté et l’exigence de vivre seul ne correspondent plus à la vie des prêtres en 2024. C’est dit !
Pour devenir prêtre, il faut suivre 6 à 7 années d’études initiales, puis, comme les coiffeurs, ils suivent des formations continues en théologie. C’est une surprise pour moi d’apprendre par le père Brugidou, 45 ans, que la pensée théologique évolue pour s’adapter aux besoins du monde contemporain.
Confirmation du père Costes, 70 ans et 45 ans de pratique à Montpellier ..
Le père Costes aborde lui-même la question des agressions sexuelles et de l’Église, et je m’engage dans la discussion..
J’ai ensuite questionné les deux prêtres sur le pardon, un concept essentiel à l’Église catholique. Comment peut-on pardonner ? Ils n’avaient encore une fois pas de réponses toutes faites..
La figure de Dieu est utilisée comme justification pour de nombreux attentats. Quelle est la position des prêtres face à la radicalité et à l’instrumentalisation religieuse de certains ?
Difficile d’être dans une église avec deux prêtres de générations différentes sans évoquer les actes commis au nom de Dieu. Je profite d’un moment de calme, nous sommes tous les trois face à l’autel, les bancs de l’église autour de nous… Attentats, mariage pour tous, comment vivez-vous cela ?
Après un long silence, c’est l’aîné, Régis Costes, curé depuis 45 ans, qui prend la parole, l’air sérieux..
Le père Pierre Brugidou, 45 ans, intervient également..
L’Église Don Bosco célébrera ses 40 ans en 2025, il s’agira de l’une des dernières festivités de Pierre Costes au sein de la paroisse, puisqu’après 45 ans de service, il sera à la retraite dans 2 ou 3 ans.
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