LIBERTÉ – De violents affrontements ont opposé, ce mardi 13 avril, la police pakistanaise à des milliers de partisans d’un parti islamiste radical, qui manifestent depuis la veille pour dénoncer l’arrestation de leur chef après qu’il eut demandé l’expulsion de l’ambassadeur de France.
A Lahore, la deuxième plus grande ville du pays, deux policiers sont décédés après avoir été blessés lors d’affrontements avec les manifestants, selon la police. Le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), influent mouvement extrémiste, a également affirmé que trois de ses militants avaient été tués, une information non confirmée par la police.
Les partisans du TLP ont réagi avec colère à l’arrestation lundi à Lahore de leur leader Saad Rizvi, bloquant plusieurs carrefours majeurs de cette ville, mais aussi de la capitale Islamabad et de Karachi, la plus grande métropole du pays (sud). Saad Rizvi, fils de Khadim Hussain Rizvi, le fondateur du TLP, mort en novembre, a été arrêté quelques heures après avoir appelé à une marche le 20 avril à Islamabad pour demander l’expulsion de l’ambassadeur de France en lien avec la publication en France de caricatures de Mahomet. La police pakistanaise a indiqué que Saad Rizvi avait été inculpé au titre de la loi antiterroriste.
La France ciblée depuis le discours de Macron en hommage à Samuel Paty
Le TLP réclame l’expulsion de l’ambassadeur depuis que le président français, Emmanuel Macron, a défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression, au cours de l’hommage rendu à Samuel Paty, l’enseignant assassiné par un islamiste le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe. Ces événements avaient eu lieu dans la foulée de la nouvelle publication des caricatures du prophète Mahomet par l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
Khadim Hussain Rizvi a reproché au gouvernement de ne pas avoir respecté un accord en vue d’expulser le diplomate français, qui aurait été conclu à l’issue de trois jours de manifestations violentes du TLP l’an passé dans la capitale. Les autorités n’ont jamais reconnu l’existence d’un tel accord. Le TLP, parti extrémiste qui instrumentalise la question du blasphème, brûlante au Pakistan, est connu pour sa capacité à mobiliser ses sympathisants et bloquer des routes pendant des jours. Le Pakistan a souvent tendance à éviter la confrontation avec les groupes islamistes radicaux, de peur que cela n’attise encore plus la violence dans ce pays profondément conservateur.
Les hôpitaux perturbés en pleine pandémie de Covid-19
Les manifestations de lundi et mardi ont également eu pour conséquence d’affecter l’approvisionnement en oxygène des hôpitaux accueillant des malades du Covid-19. “S’il vous plaît, ne bloquez pas les routes pour les ambulances et les visiteurs des hôpitaux. Certaines ambulances transportent des bonbonnes d’oxygène, qui sont absolument essentielles pour les patients atteints du Covid”, a plaidé Yasmin Rashid, un haut responsable sanitaire de la province du Pendjab, dont Lahore est la capitale.
Le Dr Asad Aslam, responsable de la lutte anti-Covid pour le Pendjab, a indiqué à l’AFP que certains hôpitaux avaient été confrontés à un manque d’oxygène lundi soir, mais que la situation s’était stabilisée mardi matin après que les autorités eurent réussi à dégager certaines routes. Le Pakistan est aux prises avec une troisième vague meurtrière de la pandémie et manque de vaccins.
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