Un mouvement qui s’accompagne d’une purge au niveau local, où des cadres réputés proches de Marion Maréchal ont vu leurs prérogatives rétrécir au lendemain des élections municipales. Ce qui, sur Twitter, a donné lieu à une guerre picrocholine plutôt inhabituelle chez un parti qui préfère régler ses comptes entre quatre murs.
“Elle croit que la France se résume à Hénin-Beaumont”
“Nicolas Bay et Antoine Melliès (débarqué de son poste de patron de la fédération Rhône, ndlr) sont deux élus de qualité qui ont œuvré au dynamisme du RN. La diversité des profils et des sensibilités est essentielle à la réussite d’un mouvement politique”, a tweeté Romain Lopez, nouveau maire RN de Moissac et ex-collaborateur de Marion Maréchal.
Une petite pique à laquelle a immédiatement répondu le trésorier du parti, Wallerand de Saint Just, qui a conseillé au jeune édile de calmer sa “nervosité” en prenant “des vacances ou des bains froids”. Réponse au bazooka de l’élu: “Quand on remporte une mairie, on n’a pas le temps de prendre des congés. Mais je comprends, cher monsieur de Saint-Just, que vous ne pouvez pas le comprendre”.
“Ce qui m’a surpris, c’est que des cadres ont ‘liké’ ce tweet, alors que tout ce qu’on fait sur Twitter est épié et peut-être interprété comme un casus belli. Ça montre que le malaise est profond, que le doute s’est installé dans les troupes”, observe pour Le HuffPost un élu victime de ce chamboulement au RN. Un autre cadre, également partisan de cette ligne identitaire, ajoute: “Marine Le Pen a un problème avec la droite, elle croit que la France se résume à Hénin-Beaumont. Et donc pour diriger, elle se concentre sur son clan: Bruno Bilde, Steeve Briois et David Rachline. Il faut que la CNI soit aux mains de ce clan, pour que rien ne dépasse”.
De la friture sur la ligne politique
Une observation qui confirme le constat fait par un responsable RN ce mardi 4 août dans les colonnes du Monde: “il y a un mécanisme de purge, de rétrécissement qui se met en place. C’est du clanisme. Et il y a une paranoïa invraisemblable concernant Marion Maréchal, et ceux supposés la soutenir”. Pour les détracteurs du “clan” des “Héninois”, il y a également une dimension politique qui explique ce rétrécissement, quitte à provoquer des rancœurs au sein du parti. C’est notamment le cas pour l’ex-identitaire Philippe Vardon. “Il veut mener la liste des Alpes-Maritimes aux élections départementales de 2021 alors que Marine Le Pen veut une personne d’ouverture et il le prend très mal”, souligne une source RN citée par Le Monde.
La président du RN semble ici faire machine arrière, en écartant l’identitaire niçois qu’elle avait finalement récupéré après quelques années de purgatoire.“L’éviction de Frédéric Boccaletti (président du groupe RN à la région PACA et écarté des sénatoriales, ndlr) c’est pareil. Ça vient de Rachline, qui ne veut pas laisser un pouce aux soi-disant proches de Marion Maréchal”, croit savoir un élu sudiste.
“C’est la ligne d’ouverture à droite, à Perpignan, qui a permis le seul succès retentissant du RN. Même chose à Béziers, où Robert Ménard a conquis l’agglo. Soit l’inverse de la stratégie de Marine. Dans le bassin minier, c’était censé être ‘l’inondation’, mais ils n’ont pas gagné une seule ville et Briois a échoué à gagner l’agglo”, persifle un élu RN, qui met la stagnation électorale du parti d’extrême droite sur le dos de cette ligne mariniste qui tient le haut pavé au siège de Nanterre. “On a juste gagné la ville de Bruay-la-Buissière qui est l’une des quatre villes de plus de 20.000 habitants dans le bassin minier ! La seule ville de plus de 20.000 habitants gagnée avec Perpignan dans toute la France”, rétorque au HuffPost Bruno Bilde, qui entend défendre “la ligne majoritaire”.
Cette ligne dite “souverainiste” (voire “de gauche” pour ses détracteurs) vise à capter le vote antisystème et europsceptique et pourrait coller avec le retour dans le giron mariniste de proches de Florian Philippot. De quoi promettre une rentrée politique agitée au Rassemblement national.
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