Ciblés par Israël, que peuvent faire (ou non) les Casques bleus de la Finul ?

Ciblés par Israël, que peuvent faire (ou non) les Casques bleus de la Finul ?

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Des casques bleus espagnols de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) coordonnent leur patrouille avec l’armée libanaise, à Marjayoun dans le sud du Liban, le 8 octobre 2024.
– / AFP Des casques bleus espagnols de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) coordonnent leur patrouille avec l’armée libanaise, à Marjayoun dans le sud du Liban, le 8 octobre 2024.

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Des casques bleus espagnols de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) coordonnent leur patrouille avec l’armée libanaise, à Marjayoun dans le sud du Liban, le 8 octobre 2024.

INTERNATIONAL – Des soldats pour maintenir une paix en danger. Les Casques bleus de l’ONU au Liban ont été visés à plusieurs reprises par l’armée israélienne ces derniers jours, alors qu’Israël intensifie ses opérations contre le Hezbollah libanais. En l’espace d’une semaine, cinq soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) ont été blessés par des tirs de Tsahal. En outre, la Finul a dénoncé l’entrée « en force » de deux chars israéliens dans l’une de ses positions.

Ces attaques ont valu à Israël de vives condamnations de la part de la communauté internationale. « M. Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU. Par conséquent, ce n’est pas le moment de s’affranchir des décisions de l’ONU », a déclaré Emmanuel Macron lors du Conseil des ministres le mardi 15 octobre.

Balayant ces reproches, Netanyahu répète de son côté que le Hezbollah, qu’il promet d’éliminer, utilise « les installations et les positions de la Finul comme couverture afin de mener ses attaques » contre l’État hébreu. Mais les nouvelles attaques israéliennes semblent sérieusement mettre à mal la mission des quelque 10 000 casques bleus mobilisés dans le sud du Liban. Le HuffPost fait le point sur les marges de manœuvre de la force onusienne face à cette situation délicate.

Rester sur place, et poursuivre (difficilement) ses missions

Malgré les appels d’Israël qui leur demande de se déplacer au moment où les combats avec le Hezbollah s’intensifient, les casques Bleus ont annoncé maintenir leur mission dans le sud du Liban. « Nous avons décidé de rester, non seulement parce que cela fait partie du mandat mais aussi parce qu’il est nécessaire d’avoir une présence internationale pour surveiller ce qui se passe dans cette région », explique Andrea Tenenti, porte-parole de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Liban-Sud, dans une interview au journal El Pais mercredi 16 octobre.

Cependant, ses capacités de surveillance sont « très limitées » en raison des bombardements en cours, admet le porte-parole de la Finul. Ces derniers jours, les Casques bleus ont fréquemment été contraints d’arrêter leurs opérations et de se réfugier dans des bunkers. Les récentes attaques israéliennes ont également rendu « difficile » leur mission d’assistance à la population, précise Andrea Tenenti.

Si les Casques bleus ont réaffirmé à plusieurs reprises ne pas céder à la pression israélienne et rester sur place, le siège de la Finul a tout de même été délocalisé ces derniers jours. Il se situait initialement à Naqoura, le long de la « ligne bleue ». Mais après avoir essuyé des tirs, notamment israéliens, il a été déplacé à Baabda, à une centaine de kilomètres plus au nord.

Déclencher des manœuvres de légitime défense

« La Finul, ayant été créé sous le chapitre 6 de la Charte des Nations Unies, n’a pas le droit d’avoir recours à la force », rappelle auprès du HuffPost Julia Grignon, spécialiste en droit international humanitaire et directrice scientifique de l’Institut de recherche stratégique de l’École Militaire (Irsem). « En revanche, si elle est attaquée ou qu’elle subit une menace grave et imminente, elle a le droit de se défendre selon le principe de légitime défense », explique-t-elle.

Lors des récentes attaques israéliennes, la Finul s’est retrouvée en danger immédiat mais n’a pas déclenché de riposte. « Il faut être très pragmatique dans la manière d’utiliser la légitime défense », justifie le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti. « Nous ne voulons pas participer au conflit. Déclencher davantage de violence n’est pas le rôle de la force de maintien de la paix. »

Par ailleurs, « il faut noter que les moyens armés des soldats de la Finul sont particulièrement limités, en raison de leur mission », relève l’ancien colonel Michel Goya, lui-même casque bleu par le passé. « Concrètement, il faut imaginer qu’ils se retrouvent avec un simple fusil d’assaut face à un char Merkava de l’armée israélienne. » Les Casques bleus disposent également « de mitrailleuses et de véhicules blindés », des équipements très éloignés de ceux de l’armée israélienne.

Stricte de la résolution de 1701

Pour l’instant, la Finul demande avant tout une stricte application de la résolution 1701, qui stipule que seuls l’armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban et prévoit un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Le porte-parole de la mission onusienne, Andrea Tenenti, appelle à un « dialogue sérieux » sur la manière d’appliquer pleinement cette résolution. « C’est cette résolution qui a mis fin au conflit en 2006 entre Israël et le Liban, et elle peut à nouveau y mettre fin aujourd’hui, car tous ses éléments restent valables », affirme-t-il.

L’Italie, deuxième contributeur de la mission onusienne avec environ 1 256 soldats, envisage de son côté de plaider pour une révision des règles d’engagement des Casques bleus, afin de leur donner plus de marge de manœuvre, rapporte le journal italien Il Sole 24 ore. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, est justement attendue au Liban vendredi, notamment pour soutenir les militaires transalpins engagés au sein de la Finul.

Reste que toute modification des règles d’engagement de la force de paix devra être approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Les États-Unis, alliés d’Israël et membres permanents, pourraient être les premiers à s’y opposer.

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