Dans un courrier dont l’AFP a eu copie, le questeur LR de l’Assemblée demande “l’obligation du port de la cravate” dans l’hémicycle pour “empêcher que certains députés notamment de la France Insoumise se permettent de porter au sein de l’hémicycle, des tenues de plus en plus relâchées”. “Cette question est loin d’être anodine”, veut-il croire, y voyant une “marque de respect due à nos institutions et à nos compatriotes”.
Il n’est pas le seul à s’intéresser à la mode. Dans sa quête de respectabilité, Marine Le Pen a mis en garde ses députés dès les premiers jours: “On n’est pas la France insoumise, on ne vient pas en tongs et en chemises à fleurs”, avait-elle lancé à la rentrée, dans une référence aux députés polynésiens NUPES venus en tenue traditionnelle.
Au-delà de la tenue, le président de la région Paca Renaud Muselier (ex-LR) s’en est pris à la ”gauche débraillée, sale, qui crie partout”, selon lui. “C’est un problème de comportement. Vous représentez la République, vous avez une charge, vous n’êtes pas dans une cour de récréation. (…) Vous sortez du bac à sable et vous êtes chez les grands”, a déclaré sur BFMTV ce jeudi l’élu, qui a soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle.
“Mépris” et “tenue de ville”, avec ou sans cravate
La réplique à Renaud Muselier n’a pas tardé, les députés visés y voyant la marque de “mépris”. “En français, ça ne s’appelle pas ‘crier partout’ mais ‘faire des propositions pour améliorer la vie des Français’”, a répondu sur Twitter le député LFI Manuel Bompard. “Mais rester fidèle à ses convictions, c’est difficile à comprendre pour quelqu’un qui a retourné sa veste pour se faire élire avec les macronistes”, a ajouté le bras droit du leader insoumis, Jean-Luc Mélenchon.
En français, ça ne s’appelle pas « crier partout » mais « faire des propositions pour améliorer la vie des français ». Mais rester fidèle à ses convictions, c’est difficile à comprendre pour quelqu’un qui a retourné sa veste pour se faire élire avec les macronistes. https://t.co/A1NwfQldlC
— Manuel Bompard (@mbompard) July 21, 2022
Apparemment j’appartiens à la gauche « débraillée et sale ».
Y a comme un goût de mépris social de la part de la droite à costards-cravate, cette droite qui ne veut pas augmenter le smic ou bloquer les loyers, et qui n’aime que l’entre-soi des nantis. https://t.co/y4W52aNBbY— Aymeric Caron (@CaronAymericoff) July 21, 2022
“Ras le bol de ce mépris et de cette condescendance d’élus qui doivent leur élection aux voix de la gauche”, a aussi rétorqué sur Twitter Olivier Faure, premier secrétaire du PS, rappelant que “Muselier n’a gagné que parce que nous nous sommes retirés au second tour pour éviter une triangulaire qui aurait porté le RN à la présidence de PACA”.
“On n’était pas sale quand on a appelé à faire barrage à l’extrême droite en faisant voter pour M. Muselier”, remarque aussi le député Générations Benjamin Lucas, sur Europe 1. “Oui bien sûr nous crions dans l’hémicycle, mais (…) l’histoire de la République est faite de débats houleux, c’est normal, ce sont nos convictions qu’on met en jeu”, poursuit le député écologiste.
Ras le bol de ce mépris et de cette condescendance d’élus qui doivent leur élection aux voix de la gauche. Pour mémoire Muselier n’a gagné que parce que nous nous sommes retirés au second tour pour éviter une triangulaire qui aurait porté le RN à la présidence de PACA. https://t.co/WsX275m57O
— Olivier Faure (@faureolivier) July 21, 2022
Qu’en est-il du vêtement? À ce jour, l’article 9 de l’Instruction générale du Bureau prévoit seulement que la tenue des députés doit “s’apparenter à une tenue de ville”. La cravate n’est pas exigée et en 2017, les députés insoumis en avaient même fait un symbole pour leur arrivée à l’Assemblée: “Il y avait des sans-culottes, il y aura maintenant des sans-cravates”, avait lancé Jean-Luc Mélenchon.
Si elle ne s’est pas encore prononcé sur la cravate, Yaël Braun-Pivet a déjà répondu à ceux qui s’offusquaient des “chemises à fleurs et des tongs”. “C’est tout à fait respectueux de l’institution et de leurs électeurs”, avait affirmé la présidente de l’Assemblée nationale, dans l’émission de France 3 Dimanche en Politique le 3 juillet. “Nous sommes députés et nous sommes en mesure de savoir ce qui est digne et ce qui ne l’est pas, ce qui est respectueux et ce qui ne l’est pas, ce qui est correct et ce qui ne l’est pas.”
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