Il y a quelques semaines, j’ai lu un article sur une application appelée Vindome qui permet aux gens d’investir plus facilement dans des vins de luxe. Je me suis aussitôt rappelé cette rencontre fortuite avec le Croate et me suis prise à rêver de vivre la même vie que lui.
Le vin présente quelques avantages par rapport à d’autres investissements. Tout d’abord, c’est un bien périssable et le taux d’imposition diminue avec le nombre d’années de conservation de vos bouteilles. « De plus, le vin n’est pas vraiment lié à la volatilité des marchés financiers, explique Mario Colesanti, directeur du marketing et des ventes chez Vindome. Ce n’est pas spéculatif à court terme. »
Comme le dit l’adage, le bon vin se bonifie avec l’âge. La production est limitée à certaines régions, elle est donc peu flexible et ne peut souvent pas répondre à la demande. C’est pourquoi certaines bouteilles sont rares et donc chères. Et comme une quantité importante de bouteilles sont ouvertes chaque année, les bouteilles intactes deviennent encore plus prisées.
Colesanti estime que le délai pour réaliser un retour investissement dans le vin est de cinq ans. Bloomberg pense que c’est le double. Mais si vous avez déjà un portefeuille d’actions et d’obligations, le vin peut être le moyen le plus amusant de le diversifier. Mais comme tous les investissements, rien n’est sûr, et plus vous investissez, plus vous risquez de perdre.
Roland Coiffe est issu d’une prestigieuse famille de négociants en vins bordelais. En 2008, il a fondé sa maison de négoce, Roland Coiffe & Associés, à Bordeaux. Coiffe a clairement un passé extrêmement privilégié, mais je lui demande comment s’y prendre lorsqu’on a aucune connaissance dans le domaine. « Il faut avoir des compétences générales en administration des affaires, répond-il. Et puis, bien sûr, il faut aussi connaître et apprécier le vin, sinon ce travail est inutile. »
Selon Coiffe, il existe trois principaux marchés pour les vins : l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie. « Le plus grand consommateur est l’Amérique, qui domine le marché depuis environ trente ans, dit-il. Mais depuis une dizaine d’années, la Chine et d’autres parties de l’Asie ne sont pas loin derrière, surtout pour le vin français de qualité supérieure. » Les rivalités mises à part, le vin français reste le produit dans lequel vous devriez investir pour un pari plus sûr. « Après tout, nous avons la Champagne, le Bordelais, la Bourgogne et la vallée du Rhône », rappelle Coiffe.
Mais tout le monde n’est pas né dans une famille possédant un vignoble dans le Bordelais et, pour l’instant, je ne suis pas sûre qu’une paysanne comme moi ait une chance de gagner un peu d’argent dans ce monde. « Dans le passé, il fallait compter entre 10 000 et 20 000 euros pour démarrer, explique Ingrid Brodin, PDG et cofondatrice de Vindome. Notre premier objectif était de supprimer les obstacles à l’investissement. » L’équipe est en contact direct avec des caves et des négociants comme Coiffe, qui vendent au nom de châteaux importants ou de petits producteurs qui ne peuvent pas s’occuper de leur propre production et de leur commercialisation.
L’équipe de Vindome sélectionne les bouteilles présentées sur sa plateforme en fonction de nombreux critères, comme le capital de marque du vin (la popularité de la marque en Europe, en Amérique du Nord et en Asie), le prix, la performance (si le vin devient meilleur et plus cher avec le temps) et les notes des critiques de vin. Vous pouvez investir dans une caisse de six bouteilles minimum à la fois, avec des prix allant de 150 à 8 000 euros. Si vous êtes aussi ignorant que moi, ils proposent également des consultations en ligne gratuites pour vous conseiller sur vos investissements. Et si vous n’avez nulle part où conserver le vin pendant de longues périodes dans des conditions optimales, vous pouvez louer un espace dans leur entrepôt pour 1 euro par mois et par caisse de vin.
Cela paraît intéressant, mais si le récent scandale Robinhood nous a appris quelque chose, c’est qu’il ne faut pas faire confiance à toutes les applications promettant de démocratiser les investissements. J’ai jeté un coup d’œil pour voir si d’autres entreprises offraient des services similaires, mais la plupart avaient des quotas de premiers investissements prohibitifs. Si vous êtes aux États-Unis, vous pouvez également consulter Vinovest, qui demande un investissement minimum de 825 euros.
Pour être sûre, je demande à Colesanti ce qu’on peut faire avec un petit budget pour un premier investissement à faible enjeu. « Beaucoup de gens sont passionnés et achètent deux caisses d’un vin qu’ils aiment vraiment, dit-il. Ils en boivent une et revendent l’autre juste pour couvrir les frais. » Cela me paraît bien.
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