Écrit et Réalisé par François FAVRAT – France 2022 1h50mn – avec Agnès Jaoui, Najaa Bensaid, Pio Marmaï, Soriba Dabo, Youssouf Wague… Scénario de Johanne Bernard et François Favrat.
Du 23/03/22 au 12/04/22
Depuis quelques années, bien des efforts ont été faits pour valoriser les formations en apprentissage et les cursus dit « technologiques » trop souvent considérés comme les parents pauvres de l’enseignement, méprisés et regardés de haut par les voies plus « prestigieuses », à savoir les filières classiques avec beaucoup de contenu théorique où l’élève est avant tout jugé sur ses compétences intellectuelles. Il y a en effet peu de chance pour qu’un jeune qui passe son bac général ait durant son parcours scolaire appris à manier un râteau, une truelle, un rouleau de peinture ou une machine à coudre.
Et c’est finalement bien dommage car comme le dit Hélène, le personnage interprété par Agnès Jaoui, parmi les nombreuses formes de l’intelligence, il y a aussi « l’intelligence des mains ». C’est une intelligence qui ne rentre pas dans une grille, qui n’obtient pas de note, qui se vit bien plus qu’elle ne s’évalue et mobilise tous les sens. C’est l’intelligence de l’artiste quand il pétrit la terre pour en faire une sculpture, celle qui inspire le pinceau, la plume, les pastels ou le stylo. C’est celle du boulanger qui malaxe la pâte, du pâtisser qui manie la poche à douilles ou du jardinier.
Compagnons nous invite à découvrir ce monde-là, comme une façon de redonner des lettres de noblesse à l’artisanat, de mettre en lumière l’engagement des maîtres pour leurs apprentis, et de saluer les talents de ces jeunes gens à qui l’on offre ainsi une chance de se trouver et de s’accomplir.
Naëlle a la rage. Une rage assez mal canalisée qui déborde régulièrement et qu’elle exprime à grands coups de tags flamboyants sur les cheminées en haut des tours de sa cité. Comme elle a la colère et jamais sa langue dans sa poche, elle se met régulièrement dans des situations hasardeuses, pour ne pas dire risquées, dans une cité où des petits caïds font la pluie, le beau temps et les yeux doux aux plus jeunes pour les embobiner dans leurs sales combines.
Prise malgré elle dans une de ces embrouilles elle doit, pour sa sécurité, prendre le large et se faire oublier quelque temps. Hélène qui travaille avec elle sur un chantier de réinsertion a repéré chez Naëlle ce petit truc en plus : un talent ? Peut-être… une étincelle ? Sûrement. Elle lui propose d’entrer en apprentissage chez les Compagnons du devoir de Nantes, communauté aux règles strictes et au quotidien rythmé par les rites, les chants et les professions de foi. Un nouveau monde s’ouvre à elle, bien loin des codes de sa cité. Elle va délaisser ses bombes de peinture pour l’atelier du vitrail, apprendre la patience et l’humilité. Il va lui falloir dompter ses préjugés et ses émotions, mais plus que tout, se laisser apprivoiser. Heureusement, elle n’est pas tombée sur n’importe quel maître : Paul (Pio Marmaï), le compagnon verrier qui va lui transmettre les règles de son art saura trouver les mots justes. Car jadis il a lui aussi connu les galères de la cité et quelqu’un lui a tendu une main confiante et rassurante.
Plongée dans un monde peu connu, celui des Compagnons du devoir, c’est un film fort sur la transmission et le partage et l’importance d’oser apprendre à se relier aux traditions pour avancer, même dans un siècle hyper et toujours plus connecté.