Les renoncements de Bardella sur le programme social à l’approche des législatives, le procès des assistants parlementaires européens, un Rassemblement nationale qui joue la béquille du gouvernement. Et pourtant les sondages, comme les élections, sourient au Rassemblement national. D’où vient cette puissance d’attraction ?
Plutôt que de chercher pourquoi ses propositions sont convaincantes, on attribue souvent ses succès à des circonstances extérieures (conjoncture économique, incompétence de ses rivaux, complicité d’autres acteurs politiques, le travail des faiseurs d’opinion).
Les électeurs du RN seraient naïfs, ou manipulés, ou incapables de comprendre la véritable nature de ce parti. Aveuglés par leur colère, leur vote est souvent réduit à un vote de dépit, de protestatation ou d’exutoire.
Le dernier livre du philosophe Michel Feher, “Producteurs et parasites. L’imaginaire si désirable du Rassemblement national” fait au contraire l’hypothèse d’une adhésion franche. Il décrit comment l’idéologie du RN parvient à séduire ses sympathisants, et la nomme le “producérisme racialisé”.