C’est ce qu’on voit quand on analyse les données de la Drees dans le schéma ci-dessous. Pour autant, ces chiffres montrent une réalité beaucoup plus complexe et illustrent en réalité à quel point le vaccin est efficace. Mais pour le voir, il faut observer ces données autrement.
Alors comment expliquer cette disparité? Les vaccins sont-ils vraiment efficaces contre les infections du Covid-19 et les formes graves de la maladie? LeHuffPost vous répond.
Une population majoritairement vaccinée
En réalité, tout est question d’interprétation. Pour mieux comprendre ces chiffres, qui peuvent porter à confusion, il faut commencer par analyser le nombre de personnes vaccinées en France.
90% des personnes âgées de plus de 18 ans présentent un schéma vaccinal complet selon les chiffres du ministère de la Santé. Au niveau de la population totale, c’est plus de 75% qui est entièrement vaccinée, comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous, avec des disparités entre les classes d’âge.
On remarque donc une très large proportion des personnes vaccinées par rapport à celle des non-vaccinées. C’est cette importante couverture vaccinale qui explique, logiquement, qu’il y ait beaucoup de personnes vaccinées dans les hôpitaux. Car il est établi que le vaccin ne protège pas à 100%, mais plutôt aux alentours de 90% pour un schéma vaccinal complet. L’efficacité contre les formes graves baisse d’ailleurs légèrement au cours du temps chez les personnes âgée, d’où l’utilité d’un rappel vaccinal.
Il est donc tout à fait normal que le nombre de vaccinés positifs ou hospitalisés grimpent. En clair, plus il y aura de personnes vaccinées, plus il y aura fatalement de patients Covid vaccinés.
4 fois plus de tests positifs parmi les personnes non-vaccinées
Mais l’efficacité des vaccins et de la troisième dose se voit facilement si on analyse le nombre de personnes vaccinées ou non-vaccinées positives, hospitalisées ou en réanimation. À condition que l’on compare les chiffres à effectif égal. Comparer à effectif égal, cela veut dire par exemple “combien d’hospitalisé pour un million de vaccinés, versus combien d’hospitalisé pour un million de non-vaccinés”. C’est en suivant cette méthodologie que l’on peut réellement interpréter les données.
Prenons par exemple les cas positifs en fonction du statut vaccinal. Si on se fige sur les valeurs absolues, comme pour les hospitalisations, celles-ci sont à première vue alarmantes, comme vous pouvez le voir dans le schéma ci-dessous. Sauf que cela est trompeur.
Comparons à effectif égal désormais. En prenant en modèle la dernière semaine du mois d’octobre, toujours selon la Drees, le nombre de tests RT-PCR positifs pour les personnes non-vaccinés de 20 ans ou plus “s’élève à 155 pour 100.000 habitants” contre “38 pour 100 000 habitants vaccinés”.
Il y a donc 4 fois plus de tests RT-PCR positifs parmi les personnes non vaccinées que parmi celles complètement vaccinées de 20 ans ou plus, à taille de population comparable. Bien qu’il y ait plus de personnes vaccinées testées positives au Covid en termes de chiffres bruts.
En pleine 5e vague, cette tendance s’est d’ailleurs accentuée au cours du mois de novembre, comme vous pouvez le voir dans le schéma ci-dessous, qui illustre aussi toute l’utilité du rappel vaccinal.
On sait maintenant que l’efficacité du vaccin contre l’infection baisse avec le temps, notamment six mois après la vaccination. On remarque bien ici que la courbe des personnes ayant reçu une 3e dose (bleue) est relativement stable et en dessous de celle des vaccinés sans rappel (jaune).
Pourquoi y a-t-il plus de personnes vaccinées hospitalisées?
Si on revient aux hospitalisations, la même logique s’applique. Entre le 25 et le 31 octobre 2021, les non-vaccinés de plus de 20 ans représentaient 44% des admissions en hospitalisation conventionnelle, selon la Drees contre 48% pour les personnes complètement vaccinées.
Or encore une fois, la population non-vaccinée ne regroupe que 11 % de l’ensemble de la population des 20 ans ou plus. Si on compare à effectif égal, la vaccination diminue bel et bien le risque d’hospitalisation, comme le schéma ci-dessous le montre.
Ici encore, les deux courbes des vaccinés (avec et sans rappel) présentent l’utilité de la 3e dose. Pour abaisser le nombre de patients vaccinés hospitalisés, la solution reste le rappel vaccinal. C’est pour cela que de nombreux pays dont la France ont lancé une campagne de rappel.
Dans ses prévisions de fin novembre, l’Institut Pasteur estime qu’une dose de rappel, en réduisant encore plus le risque d’hospitalisation des plus à risque et en diminuant le risque d’être infecté, peut faire baisser le pic des hospitalisations en théorie. Ainsi, un rappel pour les plus de 65 ans diminue la hauteur du pic de 20%, alors qu’un rappel pour l’ensemble des adultes le fait chuter de 44%.
La hausse de la part des vaccinés hospitalisés ne remet donc pas en cause l’efficacité du vaccin concernant les formes graves de la maladie. Même constat pour les décès, selon la DREES il y a “environ neuf fois plus de décès chez les personnes non vaccinées que chez les personnes complètement vaccinées à taille de population comparable durant la période considérée.”
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