Au total, 22 millions de personnes ont participé à l’étude, sur une période de 7 mois. Elle a été menée sur les vaccins de Pfizer/BioNtech, Moderna et AstraZeneca. Le quatrième vaccin autorisé en France, celui de Janssen, l’a été plus tardivement. Il a été utilisé dans des proportions moindres et n’est donc pas inclus dans l’étude.
“Les personnes vaccinées ont 9 fois moins de risque d’être hospitalisées ou de décéder de la Covid-19 que les personnes non vaccinées”, explique à l’AFP l’épidémiologiste Mahmoud Zureik, directeur de la structure Epi-Phare, qui associe l’Assurance maladie (Cnam) et l’Agence du médicament (ANSM).
Les chercheurs d’Epi-Phare ont comparé les données de 11 millions de personnes vaccinées de plus de 50 ans avec celles de 11 millions de personnes non-vaccinées dans la même tranche d’âge, sur une période allant du 27 décembre 2020 (début de la vaccination en France) au 20 juillet dernier.
À partir du 14e jour après l’injection de la seconde dose, les chercheurs ont observé “une réduction du risque d’hospitalisation supérieure à 90%”. Ces données confirment d’autres observations faites en vie réelle dans d’autres pays: Israël, Royaume-Uni, Etats-Unis.
Face au variant Delta, un manque de recul
Pour cerner l’impact du variant Delta aujourd’hui dominant, les chercheurs ont estimé de manière spécifique la réduction du risque d’hospitalisation au cours de la période où il a pris de l’ampleur en France, à partir du 20 juin (donc un mois avant la clôture de l’étude).
Ils ont trouvé des résultats comparables aux périodes antérieures: une efficacité de 84% chez les 75 ans et plus, et de 92% chez les 50-74 ans. “Cette réduction est du même ordre de grandeur pour le risque de décès au cours d’une hospitalisation pour Covid-19”, selon Epi-Phare.
Cela permet de fournir “de premiers éléments”, mais “cette période reste très courte pour évaluer l’impact réel de la vaccination sur ce variant”. “L’étude doit être poursuivie pour intégrer les données d’août et de septembre”, souligne le Pr Zureik.
De plus, l’efficacité sur les formes graves de la maladie “ne semble pas diminuer sur la période de suivi disponible, qui allait jusqu’à 5 mois”.
La méthode d’analyse de l’étude
L’étude comporte deux volets, consacrés à deux populations distinctes. D’une part, les 75 ans et plus, avec un échantillon de 7,2 millions de personnes (50% de vaccinés et 50% de non-vaccinés). D’autre part, les 50-74 ans, avec un échantillon de 15,4 millions de personnes (50% de vaccinés et 50% de non-vaccinés).
La campagne de vaccination en France a débuté le 27 décembre 2020 pour les 75 ans et plus, et le 19 février dernier pour le second groupe (le 19 février pour les 65 à 74 ans et le 10 mai pour les 50 à 64 ans). L’étude a suivi ces deux populations jusqu’au 20 juillet.
Pour comparer les données, les chercheurs ont constitué des couples. Pour chaque personne vaccinée à une date donnée, ils ont associé une personne non-vaccinée du même âge, de même sexe et vivant dans la même région, puis ont comparé les taux d’hospitalisation entre eux.
Cette étude porte uniquement sur l’efficacité des vaccins contre les formes graves. Elle ne permet pas de dire à quel point ils empêchent d’être infectés et de transmettre le Covid-19. D’autres travaux à travers le monde ont montré que par rapport à d’autres variants, Delta abaissait l’efficacité des vaccins contre l’infection.
Pour autant, éviter les formes graves est “l’objectif majeur de santé publique”, souligne le Pr Zureik: “Une épidémie sans forme grave n’est plus une épidémie”.
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