Image tirée de la série Twin Peaks © ABC
Jusqu’ici, rien d’anormal. La caféine est un des stimulants les plus utilisés à travers le monde. Par le biais du café donc, mais aussi du thé, des boissons énergisantes ou, dans une moindre mesure, du cacao et du maté, elle est absorbée pour améliorer la concentration et lutter contre l’état de somnolence – en plus d’être une pratique sociale et culturelle particulièrement répandue. Problème, ces boissons que l’on considère comme de vaillants auxiliaires capables de nous aider à traverser la journée sans piquer du nez ont un effet assez limité sur l’organisme.
Une étude publiée dans la revue Journal of Experimental Psychology : Learning, Memory, and Cognition relayée par Sciences et Avenir est formelle : le café ne permettrait pas de rattraper les heures de sommeil perdues. Pour le prouver, 275 participants au bout de leur vie ont été soumis à une batterie d’exercices allant du plus simple (cliquer à l’apparition d’un cercle rouge sur un écran blanc) au plus difficile (un jeu de mémoire). « Nous avons observé que le manque de sommeil avait un impact négatif sur les capacités des sujets à remplir différentes tâches. Et que si la caféine pouvait les aider à réussir les exercices les plus faciles, elle n’avait que peu d’effet sur les autres », décrit Kimberly Fenn, professeur associée de psychologie à la Michigan State University, et autrice principale de l’étude.
Les chercheurs du Sleep and Learning Lab à l’origine de ces observations sont partis du postulat suivant : le manque de sommeil détériore chez leurs semblables une palette importante de processus cognitifs (cet ensemble de circuits mentaux qui sollicitent aussi bien la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage, l’intelligence, la résolution de problèmes, la prise de décision, la perception ou l’attention selon Wikipédia). Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cette détérioration, rappelle Sciences et Avenir ; la première considère que, si l’attention est touchée par le manque de sommeil, l’ensemble des processus cognitifs qui nécessitent de l’attention l’est aussi. Une autre que le manque de sommeil a pour effet une somme de déficits neuropsychologiques précis dont la source n’est pas uniquement liée à l’attention.
Les résultats de l’étude vont dans le sens de la seconde hypothèse puisque certains effets du manque de sommeil n’ont pas pu être neutralisés par des interventions qui améliorent l’attention. Même si elle laisse penser le contraire, la caféine n’empêche pas les erreurs provoquées par une nuit sans repos. « Bien que les gens puissent avoir l’impression de pouvoir lutter contre le manque de sommeil avec de la caféine, leur performance dans les tâches complexes sera probablement encore altérée. C’est l’une des raisons pour lesquelles la privation de sommeil peut être si dangereuse », poursuit Fenn, citée par Sciences et Avenir.
Ce n’est pas la première étude qui s’intéresse aux effets d’une consommation régulière de caféine sur l’organisme (développement de comorbidités ou réduction de l’activité physique) et son impact sur le repos (altération du rythme circadien). En 2013 déjà, des chercheurs avaient mesuré l’impact de la dernière tasse sur « l’architecture du sommeil » ; plus vous buvez du café proche du moment où vous allez dormir (jusqu’à 6 heures avant le coucher), plus vous avez de chance de perdre du temps de sommeil. En gros, le café que vous buvez parce que vous avez mal dormi la veille vous empêchera probablement de dormir la nuit suivante.
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