“Tout ce qu’on peut dire d’un chef d’État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c’est: allez d’abord faire des examens de santé mentale”, a déclaré Erdogan, dans un discours télévisé.
“Macron a besoin de se faire soigner”, a-t-il affirmé.
“Quel problème a l’individu nommé Macron avec l’Islam et avec les musulmans?”, s’est interrogé Erdogan.
Il a aussi prédit qu’Emmanuel Macron allait perdre la prochaine élection présidentielle en 2022 “parce qu’il n’a rien accompli pour la France”.
“Vous passez votre temps à vous en prendre à Erdogan, ça ne vous rapportera rien”, a encore affirmé le président turc.
L’Élysée dénonce des propos “inacceptables”
“Les propos du président Erdogan sont inacceptables”, a réagi l’Élysée auprès de l’AFP ce samedi. “L’outrance et la grossièreté ne sont pas une méthode. Nous exigeons d’Erdogan qu’il change le cours de sa politique car elle est dangereuse à tous points de vue. Nous n’entrons pas dans des polémiques inutiles et n’acceptons pas les insultes”, a ajouté l’Élysée, en annonçant le rappel pour consultation de l’ambassadeur de France à Ankara.
Par ailleurs, l’Élysée a noté “l’absence de messages de condoléances et de soutien du président turc après l’assassinat de Samuel Paty”, l’enseignant décapité il y a une semaine dans un attentat islamiste à proximité de son collège de la banlieue parisienne.
Il y a deux semaines, Erdogan avait dénoncé comme une provocation les déclarations du président français sur le “séparatisme islamiste” et la nécessité de “structurer l’islam” en France.
Un projet de loi sur la lutte contre “les séparatismes” en France, qui vise l’islam radical, doit être présenté début décembre. Il vise à renforcer la laïcité et à consolider les principes républicains en France et comporte plusieurs points susceptibles de provoquer des tensions avec la Turquie, comme le contrôle renforcé des financements des mosquées ou l’interdiction de la formation des imams à l’étranger.
Ce contentieux vient s’ajouter à une longue liste de désaccords entre Emmanuel Macron et son homologue turc, qui prend régulièrement la défense des minorités musulmanes dans le monde.
Des tensions en Méditerranée au conflit en Libye, en passant par les affrontements au Karabakh, de nombreux dossiers opposent actuellement Paris et Ankara.
Appels au boycott de produits français dans des pays musulmans
Les appels au boycott de produits français se sont multipliés ce samedi dans plusieurs pays du Moyen-Orient, après l’émoi suscité par les propos du président Emmanuel Macron, qui a promis de ne pas “renoncer aux caricatures” du Prophète Mahomet, interdites dans la religion musulmane.
La Turquie, l’Iran, la Jordanie ou encore le Koweït ont dénoncé la publication des caricatures du Prophète. L’Organisation de coopération islamique, qui réunit les pays musulmans, a déploré “les propos de certains responsables français (…) susceptibles de nuire aux relations franco-musulmanes”.
Sur les réseaux sociaux, les appels au boycott de produits français se sont multipliés depuis vendredi, à travers les hashtags en arabe.
Au Qatar, les chaînes de distribution Al-Meera et Souq al-Baladi ont annoncé qu’elles “retireraient” les produits français des magasins jusqu’à nouvel ordre.
Dans l’un des magasins d’Al-Meera, un correspondant de l’AFP a vu des employés retirer des étagères des confitures de la marque St. Dalfour.
L’Université du Qatar a annoncé vendredi sur Twitter le report de la semaine culturelle française à la suite de “l’atteinte délibérée à l’islam et ses symboles”.
Au Koweït, des images montrant les fromages Kiri et Babybel retirés des rayons de certains magasins ont été relayées sur les réseaux sociaux.
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