AÉROPORTS – Les professeurs d’hôpitaux parisiens Éric Caumes et Philippe Juvin ont une nouvelle fois déploré ce vendredi 17 juillet l’insuffisance des contrôles contre le coronavirus dans les aéroports français pour les personnes rentrant de l’étranger, alors que l’épidémie donne des signaux de reprise.
“Il y a des clusters (cas groupés, NDLR) qui se développent à partir de personnes qui reviennent de voyage et qui n’ont pas été mises en quarantaine”, pourtant “seule mesure efficace” contre la propagation du virus, a affirmé le Pr Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, sur BFMTV.
“Certains pays dans lesquels on part en vacances sont plus exigeants que nous nous le sommes vis-à-vis des gens qui viennent chez nous”, a-t-il regretté, soulignant que la quarantaine était appliquée notamment dans certains pays asiatiques.
Éric Caumes lançait déjà l’alerte sur les voyageurs infectés, il y a une dizaine de jours dans une interview au Parisien. Dimanche, le gouvernement a annoncé que des tests à l’aéroport seraient “systématisés” dans les prochains jours pour les voyageurs en provenance de pays classés “rouge”, où le virus circule le plus. Jusqu’à 2000 tests par jour peuvent être faits à Roissy, selon le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Et pour la première fois depuis le début de l’épidémie, des tests sont proposés depuis jeudi à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, rapporte France Bleu Occitanie. Les voyageurs arrivant de Turquie et d’Algérie sont particulièrement ciblés, deux pays où la circulation du virus reste importante. Ils peuvent se faire dépister dès la sortie de leur vol ou dans un cabinet en ville grâce à une ordonnance fournie.
“Il faut aller chercher les gens (…) sur les lieux de travail, en vacances”
Le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l’Hôpital Pompidou, s’est également dit “surpris” car “tous les jours des avions atterrissent sur le territoire national, certains venant de pays où l’épidémie est très active, et on demande aux gens, tenez-vous bien, de remplir une attestation sur l’honneur dans laquelle ils disent qu’ils n’ont pas de symptômes!”
Pour le médecin, “il est absolument indispensable, non pas de fermer les frontières, mais que toute personne qui arrive sur le territoire national soit tracée”.
“Et puis il faut tester, il faut aller chercher les gens là où ils sont, sur les lieux de travail, en vacances”, a ajouté le Pr Juvin sur CNews, regrettant qu’il n’y ait “pas suffisamment de tests” en France.
Pour le Pr Caumes, la “capacité est là”, mais il y a un “problème de personnel” pour faire les prélèvements. Fin janvier déjà, alors que seule la région de Wuhan en Chine était touchée par l’épidémie de coronavirus, les mesures prises dans les aéroports parisiens interrogeaient, quand elle ne suscitaient pas la moquerie. Elles se résumaient alors à des affiches d’informations placardées dans les terminaux, à l’arrivée des avions, sans aucun contrôle de température des passagers par caméra thermique.
Ceux-ci étaient d’ailleurs les principaux surpris de la “légèreté” du dispositif. “On n’a pas eu de contrôle, je suis peut-être porteur du virus”, avait ironisé un expatrié français le 26 janvier à l’aéroport de Roissy.
La ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, avait alors expliqué que la France s’était alignée sur les recommandations de l’OMS, qui jugeait “facultatifs” les contrôles de températures à la frontière en raison de leur inefficacité. La ministre était même allée plus loin: “tous les experts s’accordent à dire que c’est une fausse sécurité. C’est un symbole qui ne sert à rien, à part faire plaisir à la population.” Des propos d’un autre temps…
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