Depuis le début du conflit, ils avaient pris des initiatives mesurées pour limiter la diffusion d’informations émanant d’organes de presse affiliés au gouvernement russe. Facebook avait notamment refusé de céder aux autorités russes qui lui demandaient de ne plus soumettre la production de ces médias au “fact-checking”, ce qui lui avait valu de voir son accès limité en Russie.
Et ce lundi, Meta a décidé de bloquer sur Facebook et Instagram, dans les pays de l’Union européenne, les contenus publiés par la chaîne RT (ex-Russia Today) et le site Sputnik, tous deux considérés comme des émanations du pouvoir russe.
“Nous avons reçu des demandes de plusieurs gouvernements et de l’Union européenne de prendre des mesures supplémentaires concernant des médias contrôlés par l’Etat russe”, a écrit Nick Clegg, vice-président de Meta, sur son compte Twitter. Il a justifié la suspension par “la nature exceptionnelle de la situation”.
We have received requests from a number of Governments and the EU to take further steps in relation to Russian state controlled media. Given the exceptional nature of the current situation, we will be restricting access to RT and Sputnik across the EU at this time.
— Nick Clegg (@nickclegg) February 28, 2022
Youtube, TikTok et Microsoft sanctionnent aussi
L’annonce fait suite à celle de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de l’interdiction des deux médias, coupables, selon elle, de colporter des “mensonges pour justifier la guerre de Vladimir Poutine”.
Ce mardi 1er mars ce sont les chaînes YouTube des médias russes RT et Sputnik qui ont été bloquées dans toute l’Europe par la plateforme de vidéos “compte tenu de la guerre en cours en Ukraine”, a annoncé YouTube dans un courriel transmis à l’AFP.
“Nous bloquons les chaînes YouTube de RT et Sputnik dans toute l’Europe, avec effet immédiat. Nos systèmes nécessitent un peu de temps avant d’être complètement opérationnels. Nos équipes continuent de surveiller la situation 24 heures sur 24 pour agir le plus rapidement possible”, a indiqué YouTube.
Dans le même élan, le réseau social vidéo TikTok a également masqué les comptes des deux médias dans les pays de l’UE, a indiqué à l’AFP une porte-parole. Aux États-Unis, les comptes étaient toujours accessibles lundi en fin de journée, a constaté un journaliste de l’AFP.
Lundi, Netflix a indiqué au site Vulture qu’il n’entendait pas se conformer à la loi russe qui impose aux plateformes de streaming de proposer plusieurs chaînes gratuites russes, dont certaines sont considérées comme des vecteurs de propagande gouvernementale. Le service de vidéo en ligne par abonnement devait, en théorie, diffuser ces chaînes à partir de début mars.
Quant à Microsoft, il a indiqué qu’il retirait RT de sa boutique d’applications et allait modifier l’algorithme de son moteur de recherche Bing pour faire reculer les contenus RT et Sputnik dans l’ordre des résultats. Le groupe de Redmond (État du Washington) a aussi empêché l’achat d’espaces publicitaires sur les plateformes des deux médias russes.
Sollicités par l’AFP au sujet de leur propre boutique d’applications, Apple et Google n’ont pas donné suite immédiatement.
Twitter lance un label spécifique aux médias russes
“Ces suspensions sans précédent sont une attaque claire contre la liberté d’expression”, a réagi Sputnik sur son site, “mais vous pouvez toujours suivre Sputnik sur (le réseau social) Telegram pour ne pas manquer les informations importantes!”.
Twitter a décidé de se doter d’un label spécifique pour les informations de plusieurs médias affiliés au gouvernement russe, dont il n’a pas donné la liste, et d’en réduire la visibilité. Chaque tweet contenant un lien vers un média proche du pouvoir russe se verra ajouter la mention “ce tweet renvoie vers le site d’un média affilié au gouvernement russe”.
Twitter a commencé à déployer la mention “Russian state media affiliated” sur les profils de plusieurs contributeurs de RT et Spoutnik : ici, une présentatrice de RT America, un journaliste de RT America et un contributeur argentin de Spoutnik. pic.twitter.com/leT1XdE4ZL
— Vincent Glad (@vincentglad) February 28, 2022
Si les comptes officiels de ces médias, ainsi que ceux d’organes d’information proches du pouvoir dans d’autres pays, étaient déjà soumis au système du label, “les tweets partageant leur contenu manquaient de contextualisation visible”, a expliqué Yoel Roth, responsable de l’intégrité de la plateforme chez Twitter.
Pas de quoi impressionnent Cédric O. Le secrétaire d’Etat au Numérique a tonné ce mardi matin contre la plateforme qui “n’a encore rien fait, ou quasiment rien”. “Je veux le dire ici très formellement, mettre des petits messages précisant ‘ceci est un message sponsorisé par le gouvernement russe’, quand le gouvernement russe est en train d’augmenter sa menace nucléaire, c’est ridicule et indécent”, a-t-il ajouté sur France Inter.
Selon le dirigeant, plus de 45.000 tweets par jour reprennent un lien vers un média russe affilié au pouvoir depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
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