En 2019, le chef de l’État l’a reconnu: “Je sais qu’il y en a qui voudraient qu’on interdise tout du jour au lendemain. Je vous le dis, ce n’est pas faisable et ça tuerait notre agriculture”. “Nous arriverons à réduire 50% des usages d’ici à la fin de 2021”, précise-t-on aujourd’hui dans son entourage.
J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans. #MakeOurPlanetGreatAgain
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 27, 2017
“Il est important pour le Président de la République, trois ans après cette annonce, de faire un point sur le sujet. En vue des négociations à Bruxelles, il importe de pousser la vision française et de faire adhérer nos partenaires européens en les entraînant avec nous”, explique-t-on formellement à l’Élysée.
Macron veut peser au plan européen pour une sortie en 2022
Car l’Union européenne fait preuve dans ce dossier d’un grand dilettantisme. Ce même 27 novembre 2017, les 27 votaient l’autorisation de l’herbicide pour 5 ans, contre l’avis de la France. C’est donc désormais au plan européen qu’Emmanuel Macron veut peser pour en sortir “collectivement”. “On ne peut pas se lancer sur une trajectoire ambitieuse seuls”, confiait une source “proche du dossier” à nos confrères d’ Europe 1 le 25 novembre 2020. Selon la station, Emmanuel Macron devrait annoncer ce vendredi qu’il souhaite que l’UE interdise l’herbicide en 2022.
Il n’en reste pas moins que la promesse non tenue fait grincer des dents au sein même de la majorité où certains, comme le député Jean-Charles Colas-Roy, souhaitent appuyer cette ambition par une proposition de loi visant à l’interdire en France en 2022. Idée pour l’instant rejetée par le groupe majoritaire. “Je salue l’idée de soutenir au niveau européen la fin du glyphosate en 2022, mais on sera d’autant plus crédible en ayant montré que l’on peut en sortir, voire l’interdire en France d’ici fin 2022”, insiste le référent de LREM sur les questions d’écologie.
L’épisode des néonicotinoïdes dans toutes les têtes
L’épisode des néonicotinoïdes est encore dans toutes les têtes. Cet été, la ministre Barbara Pompili a dû faire voter un texte de loi contraire à son ambition de 2016 de la loi biodiversité qu’elle portait sous le gouvernement de François Hollande pour donner à la filière de la betterave un sursis de trois ans. “Je crois pour ma part à la puissance de la loi. La preuve, quatre ans après la loi sur la biodiversité, on est sorti des néonicotinoïdes à 92%. J’estime que c’est un succès”, se félicite le député.
À l’Élysée, on ne plaide pas pour la voie législative. “Le Président de la République a toujours dit qu’on ne passerait pas par la loi. Nous voulons transformer l’essai tout en accompagnant les agriculteurs pour ne pas les laisser dans l’impasse”, précise-t-on dans l’entourage du chef de l’État. De nouvelles mesures financières pourraient être annoncées demain pour les aider à accélérer cette transformation.
Un projet de loi pour les mesures de la convention climat, mais pas de “copier-coller”
De loi, il sera en revanche question juste après cette réunion stratégique, lors d’un conseil de défense consacré à l’écologie, le sixième depuis le début du quinquennat. L’objectif est de finaliser le projet de loi qui reprendra les propositions de la convention citoyenne pour le climat, plusieurs fois repoussé et qui devrait être présenté en conseil des ministres en janvier.
Là encore, les craintes sont grandes pour les défenseurs du climat après les “jokers” utilisés par Emmanuel Macron qui avait pourtant promis de transmettre “sans filtre” les propositions de la convention au Parlement. “Il ne s’agira pas de copier-coller des propositions de la Convention, mais pas non plus de jokers”, a promis un conseiller de la présidence, ce qui laisse entrevoir de nouvelles modifications au rapport définitif rendu par les 150 citoyens. Ces derniers seront d’ailleurs reçus par le chef de l’État dans les deux semaines qui suivent ce conseil de défense. Pour une nouvelle promesse non tenue? Le député Mathieu Orphelin, ex-porte-parole de la Fondation Hulot pense avoir la réponse: “Désolé de le dire, mais si la question est ‘le bilan sur la transition écologique est-il bon?’ La réponse est non”.
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