Situation sur le terrain
Des frappes aériennes ont visé vendredi des zones civiles, faisant une victime à Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, une ville épargnée jusqu’à présent par les forces russes, selon les services d’urgence ukrainiens.
Tôt le matin, “il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d’enfants, un immeuble résidentiel et une usine de chaussures à deux étages où un incendie s’est ensuite déclaré. Une personne est décédée”, ont déclaré les secours ukrainiens dans un communiqué.
La ville de Lutsk, dans le nord-ouest de l’Ukraine, a également été visée par des frappes aériennes. Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a annoncé que “les aérodromes militaires de Lutsk et d’Ivano-Frankivsk (ville de l’ouest de l’Ukraine), ont été mis hors service”.
“Explosions du côté de l’aéroport. Tout le monde à l’abri! Ne publiez aucune photo, adresse ou coordonnées!”, a averti pour sa part sur Facebook Ilhor Polichtchouk, le maire de la ville de Lutsk. Les services de chauffage municipaux ont également annoncé sur Facebook des interruptions “en raison des explosions”.
Après avoir atteint les faubourgs de Kiev, l’armée russe tente maintenant ‘éliminer les défenses ukrainiennes dans plusieurs localités à l’ouest et au nord de la capitale – à Andriivka, Kopyliv, Motyjyne, Bouzova, Horenytchi, Boutcha et Demydiv – pour la “bloquer”, a expliqué dans la nuit de jeudi à vendredi l’état-major ukrainien. “Un mouvement de troupes” russes vers Brovary, à l’est de Kiev, n’est par ailleurs “pas exclu”, a-t-il précisé.
Dans le sud-est du pays, les troupes de Moscou concentrent leurs efforts sur la ville portuaire assiégée depuis dix jours de Marioupol et sur Severodonetsk.
À Marioupol, l’aviation russe a visé jeudi “toutes les 30 minutes” des zones résidentielles, “tuant des civils, des personnes âgées, des femmes et des enfants”, a détaillé le maire, Vadim Boïtchenko, dans une vidéo. Un représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dépeint une situation dantesque dans cette ville où les habitants sont toujours privés d’électricité, d’eau et de gaz.
L’armée russe a qualifié jeudi de “mise en scène” de “nationalistes” ukrainiens la frappe ayant visé une maternité et un hôpital pédiatrique de la ville encerclée de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine. Cette attaque qui a fait trois morts dont une fillette, a suscité une vague de condamnations internationales.
Le président russe Vladimir Poutine a de son côté ordonné vendredi à son armée de faciliter l’envoi de combattants “volontaires” en Ukraine pour contrer ce qu’il appelle, selon lui, des “mercenaires” venus par l’Occident pour aider les Ukrainiens.
“Si vous voyez que des gens veulent y aller volontairement, qui plus est pas pour de l’argent, et aider ceux qui vivent dans le Donbass [ à l’est de l’Ukraine], alors il faut aller à leur rencontre et les aider à rejoindre la zone de combat”, a dit Vladimir Poutine, en réponse à une proposition de son ministre de la Défense. Ce dernier expliquait au président, selon le correspondant du Financial Times à Moscou, qu’environ 16.000 volontaires souhaitaient actuellement partir en guerre contre les Ukrainiens.
Le ministère russe de la Défense a promis jeudi l’ouverture de couloirs humanitaires pour permettre aux Ukrainiens fuyant les combats de rejoindre son territoire, “chaque jour à partir de 10H00 du matin”, alors que Kiev réclame des couloirs permettant l’évacuation de civils à l’intérieur de l’Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi l’armée russe d’empêcher l’évacuation de civils des villes encerclées de Marioupol et Volnovakha (sud-est) et d’avoir mené une attaque sur le trajet prévu d’un couloir humanitaire.
Diplomatie et réactions internationales
Les chefs de la diplomatie russe et ukrainienne ont échoué jeudi à s’accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine au cours de leur première rencontre depuis le début de l’offensive de l’armée russe.
Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions à Antalya (Turquie).
Le ministre ukrainien a déclaré que son homologue russe lui avait assuré que la Russie “allait continuer (son) agression jusqu’à ce que nous acceptions sa demande de capituler”. Mais l’Ukraine “ne se rendra pas”, a-t-il clamé.
Les Vingt-Sept ont fermé la porte jeudi soir à une adhésion rapide de l’Ukraine à l’Union européenne lors de la première journée du Sommet de Versailles. “Accueillir l’Ukraine, avec 41 millions d’habitants, n’est pas une décision qui se prend en un week-end”, a déclaré l’Élysée. “Sans tarder, nous renforcerons encore nos liens et approfondirons notre partenariat afin de soutenir l’Ukraine dans la poursuite de son parcours européen. L’Ukraine fait partie de notre famille européenne”, ont annoncé les dirigeants dans une déclaration écrite, sans prendre pour l’heure de décision concrète sur la question.
Durant ce sommet, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué sur Twitter qu’elle proposerait l’objectif d’une indépendance de l’UE envers les énergies fossiles russes d’ici à 2027.
L’Ukraine et la Russie sont “prêtes” à discuter pour garantir la sécurité des sites nucléaires ukrainiens, chaque jour plus compromise par la guerre, a déclaré jeudi le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Une annonce qui intervient alors que Kiev “a perdu toute communication” avec la centrale de Tchernobyl.
Aides et sanctions
Le Congrès américain a adopté jeudi un nouveau budget fédéral qui comprend une enveloppe faramineuse de près de 14 milliards de dollars pour la crise ukrainienne.
Le texte comprend un volet économique et humanitaire, mais aussi des armes et des munitions pour Kiev. Ces fonds sont entre autres censés permettre à l’Ukraine de protéger son réseau électrique, combattre les cyberattaques et s’équiper en armes défensives.
Facebook a annoncé jeudi faire des exceptions à son règlement sur les contenus violents et haineux, en ne supprimant pas des messages hostiles à l’armée et aux dirigeants russes. “Nous continuons de ne pas autoriser des appels crédibles à la violence contre des civils russes”, ajoute-t-il.
Les États-Unis ont affirmé jeudi que l’Ukraine n’avait pas vraiment besoin d’avions de combat pour contrer les attaques russes, mais ont envisagé de lui fournir davantage de systèmes de défense sol-air.
“Quand on analyse la destruction semée par le Kremlin sur des régions d’Ukraine, c’est essentiellement dû à des missiles”, ”à des roquettes”, ”à des tirs d’artillerie”, a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. “Les avions ne sont pas les mieux placés pour éliminer ces armes”.
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