SÉISME – Des habitants trempés, épuisés, sans autre choix que d’uriner et déféquer dans des rues menacées d’inondations: le sud-ouest d’Haïti plonge d’heure en heure dans le chaos, les sinistrés de son récent séisme étant démunis et sans moyens.
Dans la ville des Cayes, plus de 200 personnes commencent à bâtir des abris précaires sur un terrain de football inondé. Tous sont sinistrés du tremblement de terre de magnitude 7,2 de samedi 1 4août, qui en quelques secondes a réduit en poussière des dizaines de milliers d’habitations. Au moins 1941 personnes ont été tuées, selon un bilan encore “très partiel” annoncé mardi 17 août par la protection civile haïtienne.
Alors que le déblaiement des décombres se poursuit dans cette ville, toujours avec l’espoir de trouver des survivants, un hélicoptère des garde-côtes des États-Unis a organisé des rotations pour acheminer les patients en état critique.
Hélicoptères américains
Les États-Unis, qui ont évacué une quarantaine de personnes pour des soins urgents avec trois hélicoptères des garde-côtes, ont affrété huit hélicoptères de l’armée depuis le Honduras, pour continuer les efforts d’évacuation médicale.
L’USS Arlington, un navire de transport de la marine américaine doit également arriver mercredi en Haïti avec à son bord, une équipe chirurgicale, a annoncé le Commandement sud du Pentagone. L’aide médicale aux milliers de blessés s’organise aussi avec la montée de blocs opératoires de campagne dans quelques centres hospitaliers de la zone affectée par le séisme.
Après deux jours d’attente, ce soutien international est un soulagement pour l’équipe médicale de l’hôpital des Cayes qui n’en reste pas moins désabusée devant leur dénuement, et notamment l’absence de scanner, ou de personnes formées pour les faire fonctionner.
Extrême vigilance
Environ 9900 personnes ont été blessées par les secousses et leurs répliques. Dans les décombres, les secouristes ont extrait 34 personnes vivantes au cours des dernières 48 heures ont indiqué les autorités.
Au calvaire des sinistrés qui dorment dehors s’ajoutent mardi les averses charriées par la tempête tropicale Grace. Les précipitations risquent par endroits de provoquer “des inondations majeures”, selon le Centre américain des ouragans, basé à Miami.
Dans ces conditions, les autorités haïtiennes ont appelé à une “extrême vigilance” à l’égard des maisons fissurées, qui pourraient s’effondrer sous le poids de la pluie. Bricolant à la hâte des abris de fortune, les habitants sont dépités.
Chaos politique
Le Premier ministre Ariel Henry a bien décrété l’état d’urgence pour un mois dans les quatre départements affectés par la catastrophe. Mais le pays le plus pauvre du continent américain est confronté à un chaos politique, un mois après l’assassinat de son président Jovenel Moïse, compliquant encore sa gouvernance.
L’Unicef a estimé mardi que 1,2 million de personnes, dont 540.000 enfants, étaient affectées par la crise. L’accès en eau reste aussi très restreint par endroits, comme dans la commune de Pestel, où plus de 1.800 citernes sont fissurées ou écrasées, faisant craindre une dégradation des conditions sanitaires.
Quelques mois après le terrible séisme de 2010, qui avait coûté la vie à 200.000 personnes, une mauvaise gestion des eaux usées dans une base onusienne avait facilité la propagation du choléra dans le pays.
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