Juin 2020, première vague de crise sanitaire, les collectivités territoriales sont sur le pont. Je suis une spécialiste du secteur public mais j’évolue dans un cabinet privé. C’est là que ça coince. On me parle business alors que je pense entraide, on me parle chiffres alors que je pense offrir mes compétences à tous les partenaires qui pourraient en avoir besoin. Le constat est brutal: mes valeurs ne sont plus en adéquation avec la réalité de mes fonctions. Je quitte subitement plus de 10 années de cabinets de conseil de renom et me jette à l’eau: Diane Conseil est né et se fraie désormais une place parmi les “grands”; ces cabinets dirigés par des hommes.
Difficultés rencontrés, plafond de verre?
De façon très pragmatique, les difficultés rencontrées pendant toutes ces années en tant que salariée dans le secteur du conseil tiennent au fait que mes interlocuteurs sont majoritairement des hommes. Qui mieux qu’un homme pour s’adresser, échanger, conseiller un autre homme dans la gestion de sa structure et de ses ressources humaines? Ce sont les conséquences d’un “effet miroir”: nous aimons travailler avec des personnes qui nous ressemblent. Effet d’autant plus fort dans un monde de dirigeants, par essence directifs et dominants.
Entrepreneuriat et liberté d’action
J’ai monté mon cabinet avant tout pour offrir un travail de précision aux collectivités qui font appel à moi. Partant du schéma que j’ai connu chez ceux qui sont désormais mes confrères, et que je n’ai pas voulu réitérer, je sélectionne mes missions et leur offre le plus grand soin.
J’ai aussi voulu libérer ma parole et mes actions. Désormais mes mots n’engagent que moi et mon activité est totalement en accord avec les valeurs que je porte.
Mon entreprise s’engage pour la parité
De façon très concrète, dans mon activité de conseil en recrutement de cadres et de dirigeant.e.s, je m’ajoute une difficulté complémentaire: je m’efforce de présenter autant de femmes que d’hommes aux jurys de recrutements que je propose. Ce n’est pas une mince affaire, en particulier aux postes de direction générale; les femmes manquent souvent de confiance en elles et sont plus difficiles à convaincre lorsqu’il s’agit de prendre un poste à très grandes responsabilités.
L’association Dirigeantes & Territoires
C’est une des raisons qui m’ont conduite à créer l’association “Dirigeantes & Territoires”. Ce réseau, qui réunit déjà plus de 350 dirigeantes territoriales, réparties sur l’ensemble du territoire national, s’organise autour de 2 axes: la sororité et la parité. Il se veut être un espace d’entraide et de bienveillance pour faciliter l’action quotidienne des femmes qui œuvrent pour nos territoires et encourager leurs évolutions professionnelles. L’association entend également porter la voix des dirigeantes territoriales et valoriser leurs actions pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes et aller à terme vers une parité plus juste et plus spontanée.
Le women challenge 2021
Désormais repéré comme un cabinet de conseil fortement engagé pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans le secteur public et parapublic, Diane Conseil est sollicité pour animer des séminaires sur la question de la parité. Le cabinet s’est également investi dans un formidable projet: le Women Challenge 2021. Encouragé par la Ministre de la transformation et de la fonction publique, ce dispositif a pour objectif de promouvoir concrètement l’accès des femmes dirigeantes de collectivités territoriales aux postes susceptibles de s’ouvrir à la suite des élections cantonales et régionales de 2021.
Créer une entreprise c’est sortir du cadre
L’entrepreneuriat a été pour moi la meilleure façon d’échapper à ce que je ne voulais pas admettre. Mes confrères sont tous des hommes, et les femmes qui œuvrent à leurs côtés restent des consultantes, jamais des dirigeantes.
Créer une entreprise c’est sortir du cadre, celui créé par les hommes et pour les hommes, où les meilleurs contrats sont célébrés entre 18h et 20h, au moment même où l’on attend des femmes qu’elles assument leurs responsabilités familiales. Créer son entreprise c’est offrir un autre cadre à toutes celles qui ont envie que les choses bougent.
Mais surtout créer son entreprise, c’est se libérer des contraintes inutiles et du management faussement bienveillant, se libérer de l’obligation de présentéisme, tellement forte dans le monde du salariat. Créer son entreprise c’est ne plus avoir à répondre à la question faussement excusée par l’humour “tu prends ton après-midi?” et que nous avons toutes entendue une fois au moins alors que nous quittions notre bureau à 18 heures.
Depuis juin 2020, et la naissance de mon cabinet, je découvre ce qu’est l’adéquation parfaite entre valeurs et fonctions. Et je dois dire que j’adore ça!
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