“Nous avons toujours été au rendez-vous de la solidarité avec l’Italie depuis deux ans. Nous portons à ses côtés un mécanisme de solidarité pour la prise en charge des débarquements; nous lui demandons donc de répondre favorablement à la demande faite par l’ONG d’accoster dans le port sûr le plus proche”, a indiqué à l’AFP le ministère de l’Intérieur.
Cette demande intervient sur la route maritime migratoire la plus meurtrière du monde, le jour de la présentation à Bruxelles d’une vaste réforme de l’asile à l’échelle européenne, qui contient un volet sur les opérations de sauvetages dont la coordination fait débat depuis la crise migratoire de 2015.
Le bateau de l’ONG allemande Sea-Eye, avec 125 migrants à bord, “doit être accueilli dans le port sûr le plus proche”, avait indiqué plus tôt mercredi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, la France déclinant ainsi implicitement toute possibilité de laisser accoster le navire à Marseille.
“Depuis le début de la crise migratoire, la France ne s’est jamais dérobée à ses responsabilités concernant l’accueil de personnes en détresse qui peuvent se présenter aux frontières de l’Europe”, a ajouté Gabriel Attal, et “va continuer à prendre sa part dans cet accueil”.
L’Alan Kurdi a annoncé mercredi faire route vers la ville portuaire du sud de la France après avoir vu échouer ses tentatives de rejoindre l’Italie. “L’inaction des autorités italiennes et allemandes nous contraint à cette mesure”, a assuré le dirigeant de l’ONG, Gorden Isler.
Alors que va advenir de ce bateau, qui se trouvait mercredi entre la Sicile et la Sardaigne ?
Fin de la criminalisation?
“Tous les acteurs, étatiques et non-étatiques, doivent respecter les principes humanitaires et notamment celui du port sûr le plus proche. Nous travaillons en urgence dans le respect de ces principes avec l’Italie et nos partenaires européens. Une solution sera trouvée et l’ONG doit la respecter”, a insisté le ministère de l’Intérieur. Autrement dit, le navire doit attendre de se voir désigner un port par les autorités italiennes.
De son côté, la ville de Marseille s’était dite prête à accueillir “sans condition” le bateau, même si la France a toujours refusé une telle option.
Le principe du débarquement de rescapés dans le “port sûr” le plus proche, inscrit dans le droit maritime international, revient en général à confier ce premier accueil, lors d’opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, à l’Italie ou à Malte.
C’est pour soulager ces pays en première ligne qu’un mécanisme de solidarité spécifique aux sauvetage en mer est prévu dans le nouveau “Pacte européen sur la migration et l’asile”, présenté par la commission européenne et qui doit encore être soumis au vote des Vingt-Sept.
Il propose notamment de mettre à l’abri des poursuites judiciaires les ONG sauvant des migrants, alors que depuis plusieurs semaines tous les navires humanitaires ayant accosté en Italie y sont restés immobilisés par les autorités locales.
“Ce nouvel épisode rappelle la nécessité pour l’Union européenne de se doter dans les meilleurs délais d’un nouveau Pacte migratoire, qui doit instaurer un mécanisme plus pérenne de responsabilité et de solidarité pour les sauvetages en mer”, a encore réagi le ministère de l’Intérieur.
L’année 2020 a vu une recrudescence en Méditerranée centrale des embarcations chargées de candidats à l’exil vers l’Europe, au départ de la Libye ou de la Tunisie. Entre janvier et fin juillet, les tentatives de traversée au départ de la Libye ont augmenté de 91% par rapport à la même période l’an dernier, soit un total de 14.481 personnes. Celles au départ de la Tunisie ont flambé, avec 10.174 candidats à l’exil, en hausse de 462%.
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