Près de 180.598 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d’importantes réserves de nickel, avaient jusqu’à 18H00 (09H00 à Paris) pour se rendre dans l’un des 294 bureaux de vote et dire s’ils veulent “que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante”.
Les bureaux de vote ont été pris d’assaut dès leur ouverture par les électeurs, témoignant du caractère crucial que les Calédoniens accordent à ce deuxième référendum sur l’indépendance. Malgré des ondées matinales sur Nouméa, les files d’attentes se sont rapidement étirées.
A midi, le taux de participation s’élevait à 49,40%, soit près de 8 points de plus qu’il y a deux ans à la même heure (41,81%). A une heure de la fin du scrutin, à 18H00, il était de 79,63%, soit 6 points de plus qu’en 2018.
Avant même l’ouverture des bureaux, plusieurs dizaines d’électeurs faisaient déjà la queue, malgré la pluie, devant les bureaux de vote installés dans l’école Candide Koch, à la Vallée des Colons à Nouméa, a constaté l’AFP.
Daniela, est arrivée parmi les premiers, avant 7H30. “Je viens voter maintenant, parce que je pense qu’il y aura du monde. La dernière fois il y avait des heures d’attente”, explique cette Polynésienne. “Je vote ‘non’ car la France a toujours été là pour nous, elle le restera j’espère”, a-t-elle ajouté. Mais quel que soit le résultat, “la première chose que l’on veut pour notre pays c’est la paix”.
Tous les habitants du Caillou ne peuvent pas s’exprimer: le corps électoral de ce scrutin sensible est conditionné à plusieurs critères, comme justifier d’une résidence continue en Nouvelle-Calédonie depuis au moins le 31 décembre 1994, être natif de l’archipel ou relever du statut civil coutumier kanak.
Calédonien depuis “plusieurs dizaines d’années”, Carl Leclerc a lui fait son choix depuis longtemps: “Ce choix c’est non, c’est de rester dans la France”, assure ce gérant de société de 50 ans, car “il n’y a aucune réponse au niveau des indépendantistes sur notre devenir, c’est ‘on verra on verra’”.
“On peut gérer notre pays sans problème”, répond Willi Cejo, maraîcher kanak de 23 ans. Mais si le ‘non’ gagne à nouveau, “on luttera pacifiquement jusqu’au bout”. “Lors du premier référendum, on était quand même joyeux, parce qu’on a été à ‘ça’ de l’emporter”.
La consultation, dont le résultat sera connu dimanche soir (dimanche matin en métropole), se déroule sans mesure barrière ni masque, puisque l’archipel est exempt de Covid-19, grâce à une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine obligatoire pour tout arrivant.
Ce référendum, comme le premier, s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon, signés par l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, après plusieurs années de quasi-guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d’origine européenne.
Ces affrontements avaient culminé avec la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en mai 1988 (25 morts).
Une victoire des indépendantistes peu probable mais…
Ces accords, consolidés dix ans plus tard par l’accord de Nouméa, ont institué un rééquilibrage économique et géographique en faveur des Kanaks et un partage du pouvoir politique, même si les inégalités sociales restent importantes.
Aucun sondage n’a été réalisé mais les observateurs jugent une victoire du “oui” peu probable.
Mais l’écart (18.000 voix en 2018) entre les deux camps pourrait se resserrer. “Il y a des endroits où on peut encore aller chercher des abstentionnistes (33.000)”, notamment “aux Iles Loyauté”, très favorables au camp indépendantiste, selon le docteur en géopolitique Pierre-Christophe Pantz.
Tenu à l’impartialité, Emmanuel Macron s’exprimera après le résultat, dimanche à 13h00 heure depuis l’Élysée. En mai 2018, il avait souligné que “la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie”. Le Premier ministre Jean Castex réunira de son côté “les acteurs politiques calédoniens au lendemain” de la consultation.
Garant de la bonne tenue du scrutin, le gouvernement ne peut pas prendre position. Mais les responsables de plusieurs partis (LREM, LR, RN et UDI) ont dit leur souhait de voir le Caillou rester Français.
En cas de victoire du “non”, un troisième référendum est possible d’ici à 2022. Une option que refusent déjà les loyalistes mais que les indépendantistes disent vouloir mettre très rapidement en œuvre.
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