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En général, les champagnes premiers prix vendus dans les supermarchés sont les entrées de gamme des grandes maisons – Moët & Chandon, Mumm, Veuve Clicquot – et leur prix varie entre 22 et 30 euros. Les bouteilles fabriquées par les petits producteurs, les « récoltants-manipulants », ne sont généralement disponibles que chez les cavistes, à partir de 30 euros environ. Mais ces dernières années, les géants du discount ALDI et LIDL ont fait leur entrée dans le monde prestigieux de la production de champagne, en proposant tous deux des prix inférieurs à ceux de la concurrence, même la moins chère. Le champagne Monsigny d’ALDI, également vendu au prix de 13,99 euros, a fait l’objet de beaucoup de hype et a été récompensé, mais lorsque les experts et les amateurs comparent les deux produits, l’offre de LIDL a tendance à l’emporter.
L’étiquette porte la mention « Comte de Senneval », mais il n’existe aucun producteur de ce nom. Il est en fait élaboré à Épernay par la Maison Burtin, qui produit notamment le champagne Alfred Rotschild et qui est attachée au groupe Lanson-BCC. Peut-être que la Maison Burtin ne voulait pas que son nom soit associé à la grande distribution, ou peut-être que LIDL voulait une étiquette à la consonance plus sophistiquée. Quoi qu’il en soit, le produit est estampillé « MA » (Marque Auxiliaire) et vendu uniquement chez LIDL. Il s’agit d’un assemblage classique de trois cépages typiques de la région : pinot noir, pinot meunier et chardonnay. Sur le papier, il a tout bon.
Je décide de mettre le champagne à l’épreuve en recrutant quelques amis pour une dégustation à l’aveugle. Je leur sers le Comte de Senneval dans des verres fantaisistes, afin de ne pas attirer les soupçons. La bouteille est facile à ouvrir et lorsqu’on la verse, elle produit beaucoup de bulles, ce qui est bon signe. La couleur a une belle teinte rose dorée, ce qui indique que beaucoup de raisins noirs ont été utilisés dans l’assemblage. L’odeur est assez neutre, avec des notes de fraise et de croûte de pain, ce qui veut dire que le vin a été brassé avec une levure spécialement sélectionnée pour lui. Les premières gorgées ne sont pas désagréables ; peut-être un peu sucrées, mais personne ne semble sourciller.
Le deuxième verre, en revanche, passe assez mal. Dès qu’il se réchauffe un peu, le Comte de Senneval se dégrade nettement. Il est moins pétillant et son goût devient dense et trop sucré. Sans entrer dans les détails techniques, disons que j’ai l’impression de manger un yaourt à la fraise allégé. Avec des bulles. La teneur en sucre du produit tente clairement de masquer certains de ses défauts, mais cela ne fonctionne que lorsqu’il est frais.
Je décide de reboucher la bouteille et de la remettre au frais. Dès qu’il entre en contact avec l’air, le champagne commence à s’oxyder, un processus qui modifie son goût. Le lendemain, je change de méthode et je le verse dans un verre plus étroit, ce qui permet aux bulles de moins se disperser et de préserver les arômes.
Verdict : ce champagne est buvable, mais ne vous attendez pas à impressionner les connaisseurs. À ce prix-là, vous pouvez facilement trouver un meilleur prosecco si vous cherchez quelque chose de pétillant. Mais si vous aimez l’idée de boire du champagne avec votre budget bière, alors il fera très bien l’affaire. Servez-le bien frais, gardez-le dans de la glace et utilisez une flûte au lieu d’un verre à vin générique : croyez-moi, cela fera une grande différence.
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