La délibération a été adoptée avec une courte majorité de 29 voix pour, 27 contre et deux abstentions, au terme de 2h30 de débats parfois tendus. Le maire écologiste Eric Piolle a balayé les objections de l’opposition, en invoquant un combat “féministe”, de santé et de “laïcité” parce que rien n’interdit le port de vêtements religieux dans l’espace public, “y compris à la piscine”.
Le règlement intérieur des piscines désormais remanié prévoit que la longueur des maillots ne sera plus limitée, a expliqué l’adjointe aux Sports Céline Mennetrier. Il permettra ainsi aux femmes de se baigner seins nus et à tous les baigneurs de porter un maillot les protégeant du soleil.
Le port du burkini était revendiqué par la controversée association Alliance Citoyenne, qui a organisé depuis 2019 plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises pour faire passer son message. Le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, a rapidement réagi au vote du conseil municipal, accusant Eric Piolle d’“acter définitivement sa rupture avec la laïcité et les valeurs de notre République”.
En autorisant le port du burkini dans les piscines municipales, Eric Piolle acte définitivement sa rupture avec la laïcité et les valeurs de notre République. Face à ce séparatisme et comme je l’avais promis, la Région cesse immédiatement toute subvention à la mairie de Grenoble.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) May 16, 2022
Dimanche, la préfecture de l’Isère avait d’ores et déjà annoncé que le préfet demanderait au tribunal administratif d’annuler l’autorisation du burkini à la piscine si le conseil municipal de Grenoble modifiait en ce sens la réglementation des piscines. “Conformément aux instructions qu’il a reçues du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le préfet de l’Isère saisira le tribunal administratif de Grenoble en cas d’adoption de cette délibération”, indiquait en ce sens la préfecture dans son communiqué.
Le dossier, qui défraye la chronique depuis déjà plusieurs semaines, figurait sobrement sous l’intitulé “Conditions et tarifs d’accès aux piscines municipales” à l’ordre du jour de la réunion qui s’est ouverte vers 15 heures.
Grenoble, une “ville féministe” pour Piolle
Une bonne centaine de manifestants anti-burkini menés par l’opposition municipale s’était rassemblée au pied du bâtiment accueillant -sous bonne garde- la réunion du conseil municipal, scandant “Piolle démission!” et arborant des pancartes proclamant des slogans comme “Faut pas se voiler la face, burkini=mysogynie”.
Le maire écologiste Eric Piolle a ouvert la séance en confirmant que le conseil allait débattre “de la liberté vestimentaire des femmes dans l’accès aux piscines publiques de Grenoble” malgré les appels à supprimer cette question de l’ordre du jour. Il a appelé à le faire dans “l’écoute et la tolérance”.
Il a dénoncé “les injonctions sur le corps des femmes” et ceux qui “s’autorise(nt) à commenter de façon plus ou moins menaçante l’apparence physique des femmes et leur façon de s’habiller” en rappelant que Grenoble, de par son passé, est “une ville féministe”.
Eric Piolle n’a de cesse de répéter que le burkini est un “non-sujet”. Selon lui, la modification du règlement intérieur des piscines municipales ne visait qu’à “lever les interdits vestimentaires aberrants”. Pour cette position, il a reçu le soutien d’une centaine de personnalités dont des féministes qui estiment dans une récente tribune que “personne ne doit être stigmatisé jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot”.
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