FEUX D’ARTIFICE – “On a le pass et le masque, mais ça fait du bien de commencer à revivre un peu”: face à la Tour Eiffel, Sylviane Morin est bien décidée à profiter de son 14 juillet, malgré la météo maussade et les contraintes sanitaires.
Comme elle, des milliers de Français ont célébré la fête nationale à Paris et ailleurs mercredi, avec un enthousiasme un peu forcé, pour tenter d’oublier la reprise de l’épidémie de Covid-19 et la progression du variant Delta venus doucher les espoirs d’un semblant de retour à la normale cet été.
Champ de Mars coupé en deux
Sous un ciel menaçant, cette retraitée de 62 ans a fait le voyage depuis Saint-Brieuc en Bretagne pour l’occasion et attend avec impatience le feu d’artifice qui doit illuminer le champ de Mars. En 2020, pandémie oblige, le spectacle pyrotechnique avait dû être tiré sans public. Allongée sur la pelouse à ses côtés, sa sœur Gisèle Chevalier n’aurait manqué cette nouvelle édition pour rien au monde. Parisienne de naissance, la septuagénaire vient chaque année sous la Dame de Fer pour voir le ciel parisien s’embraser.
“C’est la fête, mais il manque un petit quelque chose”, témoigne cette habituée, pendant que des agents de la ville de Paris passent dans la foule pour rappeler que le port du masque est obligatoire, même en plein air et même après avoir présenté un pass sanitaire, synonyme de vaccination complète ou de test négatif, pour pouvoir entrer. Avec une jauge limitée à 15.000 personnes, “le Champ de Mars est coupé en deux, il y a moins de monde, ce n’est pas la même ambiance”, poursuit-elle. Dans cette atmosphère, difficile de croire pleinement au thème de l’événement, placé sous le signe de la “liberté”.
Pourtant, pas question pour cette infirmière tout juste retraitée de se laisser gâcher ce moment. “Je suis vraiment contente de pouvoir être ici. Le masque et le respect des gestes barrières, c’est un petit prix à payer après la situation catastrophique que nous avons traversée”, lâche celle qui a été en première ligne face à une épidémie qui a fait plus de 111.000 morts en France.
Test antigénique pour 35 mn de spectacle
“Sortir maintenant, c’est toute une organisation”, rigole Margaux Gherardi, pendant que les premières notes du concert de musique classique organisé par France Télévisions résonnent au vent. Cette étudiante en droit humanitaire a fait son test antigénique in extremis à 14h pour pouvoir assister au feu d’artifice avec ses amis.
“Jusqu’à ma deuxième dose de vaccin, il va falloir en faire un tous les deux jours pour vivre normalement”, en fréquentant bars et restaurants, soupire-t-elle. Ce qui n’empêche pas son petit groupe de “totalement comprendre” l’extension du pass sanitaire à la quasi-totalité des lieux publics, annoncée par le président Emmanuel Macron lundi soir. Malgré le contexte, pour eux aussi, la fête reste prioritaire. “Profiter de 35 minutes de feu d’artifice en live, c’est quand même quelque chose.”
À Bordeaux, feu d’artifice ”écolo”
“C’est un feu d’artifice éco-responsable, il n’y aura pas de retombées d’aluminium, de plastique dans la Garonne” s’est félicité Pierre Hurmic, le maire EELV (Europe Écologie Les Verts) de Bordeaux. La ville a fait appel à l’artificier Ruggieri pour organiser un spectacle plus vertueux d’une vingtaine de minutes. C’est la première fois en France qu’un tel feu d’artifice est testé.
Dans le public, la différence dans le ciel s’est à peine notée. “J’ai trouvé magnifique, comme les autres années”, s’enthousiasme une habitante, “l’année dernière il n’y en a pas eu, mais on est venu il y a deux ans il était déjà très beau, de mémoire, je le trouve même presque mieux qu’il y a deux ans.” “On a trouvé cela magnifique”, constate également une autre, “on était justement en train d’en parler, on a trouvé que c’était super beau, que c’était réussi.”
86 faisceaux lumineux à Nice
À l’occasion des 5 ans de l’attentat de Nice, 86 faisceaux lumineux ont été projetés en mémoire des 86 victimes de l’attentat, à 22h34 précises, heure de l’attentat. Le 14 juillet 2016, environ 30.000 personnes s’étaient rassemblées sur la célèbre Promenade des Anglais, qui borde la Méditerranée, pour le populaire feu d’artifice de la Fête nationale. C’est dans cette foule que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un trentenaire tunisien demeurant à Nice, avait foncé au volant d’un camion de 19 tonnes, fauchant des dizaines de personnes pendant deux minutes, avant que la police ne l’abatte.
Un peu plus tôt dans la journée, en présence du Premier ministre Jean Castex, de plusieurs ministres et du maire de Nice Christian Estrosi, 400 personnes, pour la plupart victimes et familles endeuillées par l’attentat, s’étaient rassemblées ce mercredi 14 juillet 2021, sous le soleil, dans les jardins de la villa Masséna, près de la Promenade des Anglais, pour une cérémonie sobre de commémoration.
Les photos des 86 personnes tuées étaient déposées devant le coeur en plexiglas et la stèle avec leurs noms dans les jardins, a constaté un correspondant de l’AFP.
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