Des bateaux amarrés au Dubai International Marine Club. KARIM SAHIB / AFP
Der Spiegel notait la semaine dernière que l’administration allemande avait reçu un précieux CD-Rom (remis contre deux millions d’euros d’après les sources du magazine de référence) par un mystérieux anonyme. Sur ce disque, les informations complètes de millions de contribuables dans le monde ayant des actifs à Dubaï ont été précieusement gravées. Après les révélations de Der Spiegel, les autorités fiscales allemandes ont indiqué que les données étrangères seront mises à la disposition des pays concernés dans le cadre de l’échange international d’informations.
Contactée par Les Échos, la direction générale des finances publiques en France a confirmé que des échanges ont déjà eu lieu avec leurs homologues allemands. « L’administration allemande a fait part de sa volonté de transmettre les informations qu’elle détiendrait sur des résidents fiscaux français », peut-on lire dans le quotidien économique. Ainsi, par le biais de ces informations, le fisc français compte débusquer les fraudeurs qui profitent de l’absence d’impôts sur le revenu dans l’émirat. Les autorités fiscales chercheront notamment à vérifier si les Français installés à Dubaï se sont bien acquittés de l’« exit tax » – qui cible les plus values latentes réalisées par les entrepreneurs partis à l’étranger.
Depuis fin 2019, nombre d’influenceurs français ont posé leurs valises à Dubaï – largement attirés par une campagne de communication agressive de la cité-Etat qui continue sa stratégie de diversification (bien consciente qu’elle ne pourra s’appuyer éternellement sur la richesse de ses sols). Dès 2014, le ministère du Tourisme dubaïote a créé un pôle dédié aux influenceurs, dont le rôle était de les inviter dans les hôtels ou restaurants de la ville en échange de posts sur leurs réseaux. Objectif ? Faire grimper le tourisme dans la ville.
Les influenceurs de l’Hexagone (qu’ils comptent à peine quelques milliers d’abonnés ou des millions) ont continué d’affluer par dizaines à Dubaï – d’autant plus depuis la pandémie, les restrictions ayant bien moins touché les EAU où la vie semblait suivre son cours. Or, certains d’entre eux ne sont pas seulement restés pour les vacances.
Par le biais principalement de placements de produits dans des posts sponsorisés, les influenceurs engrangent de petites fortunes en un laps de temps relativement réduit. L’un d’entre eux, Dylan Thiry, expliquait au magazine GQ rentrer environ 600 000 euros par an grâce à ses 900 000 abonnés. Interrogé sur la raison de sa venue à Dubaï, l’influenceur passé par Koh Lanta ne cachait pas les motivations qui l’avaient poussé à s’y installer : « C’est surtout pour les impôts. »
La manne financière tirée de l’industrie de l’influence échapperait donc en grande partie au fisc français. Notamment à cause des 45 « free-zones » de Dubaï, des sortes de zones franches où l’impôt n’existe pas, comme Le Parisien l’expliquait dans cette série de papiers fouillés. « Créer une société en zone franche coûte entre 5000 et 10 000 euros, un loyer à renouveler chaque année. Une fois la structure créée, pas d’impôts sur le dividende ni sur les revenus », décryptait le journal francilien.
Ce n’est pas la première fois que des influenceurs se retrouvent dans le viseur de l’administration. En septembre 2019, les services fiscaux français perquisitionnaient le domicile et des locaux liés à l’influenceuse Caroline Receveur, qui avait domicilié toutes ses activités au Royaume-Uni – alors qu’aucun salarié n’y était basé et que les « centres décisionnels » étaient restés dans l’Hexagone, indiquait Le Monde, reprenant une information de Gotham City, un média spécialisé dans la criminalité en ligne. En juillet dernier, Receveur était une des premières (et plus suivies) influenceuses françaises à partir s’installer à Dubaï.
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