Yan Morvan a traîné avec des Hell’s Angels, voyagé dans les zones en guerre les plus reculées du globe et a même bossé avec le tueur en série Guy Georges. Au-delà de ces hauts faits d’armes, Yan Morvan a été un acteur majeur du photojournalisme en France pendant trente-cinq années. Aujourd’hui, la librairie indépendante et maison d’édition BattCoop chargée de ses archives, publiera une revue tous les quinze jours et un livre par trimestre sous le titre sobre “Archives Yan Morvan”. VICE en partagera des extraits à chaque nouveau numéro. Après « La digue des Français » et « Le mariage de Diana », voici le troisième numéro sur l’invasion du Liban par l’armée israélienne en 1982.
De celui qui croit avoir compris les guerres du Liban, on peut à coup sûr dire qu’il n’a rien compris. Rappeler que le territoire est plus petit que l’Île de France donnera un cadre, un espace coincé entre Israël et la Syrie. Abandonné par les Français aux chrétiens avec pour injonction de tolérer les communautés musulmanes, en échange de quoi le pays connaîtra un âge d’or économique.
Puis vient la strate géopolitique, les camps palestiniens de Jordanie véritable État dans l’État qui après Septembre Noir vont causer un afflux de 400 000 réfugiés sur le sol libanais. Le soutien pour la cause des fedayin par les organisations communistes et socialistes qui voit se mêler conflit communautaire, clanique, religieux et idéologie. À cela il faut ajouter les mains étrangères nombreuses, innombrables même, la Guerre froide et la décolonisation, plus qu’ailleurs les intérêts sont complexes.
Puis surtout, il y a ce peuple et la guerre de la pire espèce, la fraternelle, qui ne connait aucune limite, la guerre civile. La vengeance devient le mode opératoire systématique, la surenchère la règle, la fierté et la dignité le socle d’une morale. Qui prétend être suffisamment fort pour proposer la paix est assassiné. Par qui ? Pourquoi ? Tout se brouille. Tout se subdivise. La guerre des factions. Les guerres du Liban.