À l’intérieur de la salle, des appels ont été lancés pour faire bouger les lignes. “Vous ne savez toujours pas ce qui se passe à l’intérieur de vos théâtres”, a ainsi affirmé l’actrice Nathalie Mann, représentant “Actrices et Acteurs de France Associés” sur scène. Elle a notamment appelé à “nommer un référent ou une référente” pour les violences sexuelles et sexistes dans les institutions théâtrales, comme c’est le cas sur les tournages de cinéma.
Pauline Bureau, qui a remporté le Molière de l’autrice francophone vivante pour sa pièce sur une équipe de football féminin, a elle rappelé que “18% de l’argent public va à des compagnies dirigées par des femmes” et appelé la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, présente dans la salle, à en faire son cheval de bataille.
Mais avant cela, c’est la présidente de la cérémonie, Isabelle Carré, qui avait dès son discours d’ouverture évoqué le mouvement #MeTooThéâtre, une prise de position saluée sur les réseaux sociaux. (voir les tweets plus bas)
“Nous pensions que le mouvement #MeToo viendrait prendre la parole et il ne vient pas. Alors, moi, qui crois aux livres et qui crois au pouvoir des mots, je voulais simplement vous montrer ce livre, MeToo Théâtre, qui va bientôt sortir et qui, je crois, est un outil important pour faire avancer les choses”, a ainsi déclaré sur scène la comédienne, brandissant l’ouvrage en question. “Et ainsi, de cette manière, en parlant d’elles, ces femmes courageuses sont un peu parmi nous ce soir”, a-t-elle ajouté, provoquant les applaudissements du public.
Très beau discours d’Isabelle Carré : une présidente des Molières profonde, qui ne veut pas couper la parole des récipiendaires (contrairement aux #César), qui veut donner la parole aux intermittents, qui parle du livre #Metoo au théâtre. #molieres
— Étrange Albertine 🍓 (@albertinette93) May 30, 2022
Une presidente des Molieres qui affirment son soutien aux intermittents de spectacle , aux ukrainiens et au Me Too théâtre.
Merci Isabelle Carré #molieres2022
— Sara HORCHANI 💜 (@sarahorchani) May 30, 2022
Discours censuré?
Le collectif #MeTooThéâtre, créé l’an dernier pour dénoncer les violences sexuelles dans ce milieu, avait été convié à la cérémonie afin d’alerter sur ces agressions. Seulement, il avait accusé la délégation d’avoir censuré le discours que deux de ses membres devaient lire sur scène. Une accusation rejetée fermement par le président des Molières Jean-Marc Dumontet. Selon lui, le texte proposé ne correspondait pas à l’accord conclu entre les deux parties.
En vertu de cet accord, cette prise de parole devait ”éviter l’évocation de cas particuliers”, avait-il poursuivi. En outre, elle devait être “centrée autour d’une proposition”, à savoir “la mise en place d’un référent sur les agressions sexuelles dans chaque théâtre ou compagnie”.
Transmis “très en retard” aux organisateurs, le texte du collectif “n’apportait pas de propositions”, abordait “un exemple personnel” et “dénonçait la présence de violeurs dans la salle, ce qui est une assertion totalement gratuite”, avait expliqué Jean-Marc Dumontet à l’AFP.
Dans les toutes premières phrases de son discours publié finalement dans la partie blogs de Mediapart, Marie Coquille-Chambel, la blogueuse à l’origine du mouvement, devait en effet évoquer sa propre expérience. “J’ai été violée par un acteur de la Comédie-Française en 2020. En vous disant publiquement ce soir que j’ai été violée, je risque d’être poursuivie pour diffamation ou dénonciation calomnieuse. Je l’ai déjà été. Aujourd’hui, j’attends le classement sans suite de ma plainte. Parce que je sais que ma plainte sera classée, comme dans 76% des cas”, devait-elle énoncer ce lundi soir sur la scène des Folies Bergère.
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