Photo : imago images/Cavan Images
Mia*, 24 ans, case manager dans l’administration publique
Je travaille sur un ordinateur toute la journée, mais j’ai parfois besoin de dossiers papier. Ce problème pourrait être facilement résolu : il suffirait d’avoir une seule personne au bureau pour consulter les dossiers dont les autres employés ont besoin. Et puis, comme la pandémie dure depuis près d’un an, nous aurions également pu numériser tous ces dossiers à l’heure actuelle. Mais mon patron n’a même pas essayé de trouver une solution. Il nous a dit que nous ne pouvions pas travailler à la maison, point final.
Pendant quelque temps, j’ai partagé un bureau avec trois autres personnes. Ensuite, j’ai dû me battre pour avoir un bureau individuel. Notre employeur ne nous fournit pas de masques ni de désinfectants au motif que ça lui coûterait trop cher. De plus, tous mes collègues ne respectent pas les règles. Certains déjeunent encore en groupe dans la salle de conférences. Beaucoup se présentent au travail avec des symptômes ou viennent sans porter de masque juste pour demander quelque chose.
Julian, 39 ans, recruteur
Mon patron est rentré d’un voyage en Autriche avec sa famille et n’arrêtait pas de tousser au bureau. Le lendemain, il n’est pas venu. Sa femme, qui travaille aussi dans l’entreprise, a dit qu’il avait de la fièvre, mais elle est quand même venue travailler. Je voulais rentrer chez moi pour ne pas prendre de risques, mais elle m’a dit que j’allais subir de graves conséquences si je le faisais. Notre responsable informatique a finalement trouvé un moyen de me laisser travailler à la maison.
Pendant plusieurs jours, mon patron m’a convoqué au bureau sous prétexte que nous devions discuter d’un projet urgent. Tout ce que j’avais à faire était de changer le papier dans l’imprimante. Après cela, le télétravail n’était plus une option. Nos bureaux sont maintenant plus espacés et nous gardons nos distances. Mais quand mon patron veut discuter de quelque chose, il vient me voir en personne.
Leo*, 31 ans, greffier dans l’administration publique
Je travaille dans les locaux d’une grande administration publique. Certaines personnes ont le droit de travailler à domicile, mais seulement les employés plus âgés. J’ai remarqué que de nombreux cadres ne veulent pas que les gens travaillent à distance, car ils pensent qu’ils vont se la couler douce à la maison.
Maintenant que notre région compte de nombreux cas de Covid-19 et que nous avons reçu une forte pression de l’opinion publique, nous travaillons par roulement. La moitié du personnel travaille à domicile, l’autre au bureau. Notre patron a accidentellement envoyé à tout le monde toute la chaîne de mails concernant ce changement de politique, ce qui nous a fait comprendre que la décision avait été prise il y a un certain temps, mais que les responsables y résistaient.
Lorsque nous sommes au bureau, nous avons souvent du mal à garder la distance de 1,5 mètre. Comme il fait froid, nous ne pouvons pas manger à l’extérieur, si bien que nous sommes parfois cinq ou six dans notre salle de repos de dix mètres carrés. Je trouve ça idiot de ne pouvoir rencontrer qu’une seule personne à la fois pendant mon temps libre, mais d’être entassé dans une pièce avec un tas de collègues au bureau.
David*, 21 ans, agent d’assurances
Je travaille dans un open space avec une trentaine de personnes. Je porte toujours un masque, mais mon responsable n’arrête pas de venir me voir à mon bureau sans en porter un. Souvent, il y a trois personnes en même temps dans la salle d’impression, elles aussi sans masque. Nous avons dû faire pression pour que les employés plus âgés puissent travailler à domicile. La direction a cédé après de longues discussions, mais ils doivent quand même être présents à la réunion hebdomadaire. Cela n’a pas de sens.
Étant donné que nous avons tous des ordinateurs portables, nous pourrions facilement passer au télétravail, mais la direction pense que nos performances diminueraient. Je pourrais sans doute mieux me concentrer à la maison, car je n’aurais plus à m’inquiéter tout le temps. Pendant mon temps libre, je ne vois quasiment personne – j’ai trop peur de mettre mes proches en danger.
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