La France doit boycotter diplomatiquement les Jeux olympiques d’hiver de Pékin: aucun représentant de la première démocratie moderne de l’Histoire ne peut applaudir à la tribune de la première puissance génocidaire du siècle.
“Plus jamais ça”. Bien plus qu’une formule passée à la postérité, il s’agit d’un serment humaniste prononcé sur les cendres d’une guerre mondiale génocidaire.
Contrairement aux illusions que nous avons pu collectivement nourrir, la Chine n’est pas la puissance douce que l’on nous promettait. Du Tibet à Hong Kong, du Xinjiang à Taïwan, le Parti Communiste Chinois, sous l’égide de Xi Jinping, a cessé de camoufler ses intentions: devenir une superpuissance économique, politique et militaire mais aussi autoritaire, génocidaire et dictatoriale.
Nous connaissons depuis le XXe siècle l’outil des totalitarismes: la propagande. Et quoi de plus rentable que d’utiliser les 375 millions de téléspectateurs des Jeux pour faire oublier 50 ans de bains de sang? Faut-il rappeler les effets funestes du film Les Dieux du Stade des nazis lors des Jeux de Berlin en 1936?
Hier, les étudiants de TienAnMen et les Tibétains affrontaient les chars communistes, conduisant à des massacres depuis oubliés. Aujourd’hui, Hong Kong est mise au pas et la révolte des parapluies a été réprimée dans une violence décomplexée. Taïwan vit sous la menace constante d’une invasion. Les millions de pratiquants Falun Gong sont ouvertement persécutés dans l’Empire du Milieu.
Oui, la Chine est un grand pays. Mais la grandeur de cette Nation ne saurait reposer sur les charniers de ses massacres.
Pire: depuis 2016, la Chine perpétue un génocide contre les Ouïghours. Au moins 350 camps d’internement ont été identifiés, parquant 2 millions d’êtres humains membres de cette ethnie musulmane turcophone. Les hommes sont enfermés, torturés, tués, soumis à un esclavage massif dans des usines ou des champs de coton, pour 83 marques internationales que nous connaissons bien. Les femmes sont battues, violées, stérilisées en masse. Les enfants, par centaines de milliers, sont placés dans des orphelinats. Les cimetières sont pulvérisés.
Le but est affiché: “briser leur lignée, briser leurs racines” disait Xi Jinping en 2019, selon des révélations glaçantes du New York Times. Car c’est bien là le but de ce génocide écartant les parents des enfants et détruisant les cimetières musulmans: éradiquer le passé et l’avenir d’un peuple tout le en soumettant à une barbarie omniprésente.
Une dizaine de pays a déjà reconnu le génocide en cours. Le jeudi 20 janvier, monsieur le président, notre Parlement a lui aussi reconnu le génocide ouïghour. Comment alors aller applaudir aux côtés des bourreaux génocidaires? Notre pétition en ligne demandant le boycott des Jeux a déjà récolté près de 80.000 signatures. Serez-vous réellement le président qui choisit d’ignorer la Nation et d’écouter la dictature?
Aujourd’hui, Pékin veut obtenir l’approbation de la communauté internationale en faisant du sport une arme politique: nous devons l’empêcher de recevoir les applaudissements des démocrates. Dix pays ont déjà annoncé le boycott diplomatique des Jeux: les États-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, l’Australie, le Japon, le Danemark, les Pays-Bas, le Kosovo et la Lituanie. Le boycott diplomatique n’est donc pas seulement l’apanage de superpuissances belliqueuses. C’est bien contre la violation systématique des libertés universelles et des droits humains – dont le Parti Communiste Chinois a justement fait son sport national – que s’expriment de telles mesures.
Serez-vous réellement le président qui choisit d’ignorer la Nation et d’écouter la dictature?
Monsieur le Président, soyez certain qu’une telle demande ne se construit pas par antagonisme avec la civilisation chinoise. Oui, le président de Gaulle fut l’un des premiers à reconnaître la République de Chine. Mais par la reconnaissance de cette souveraineté devant le monde, Pékin doit accepter d’être traitée comme n’importe quelle autre capitale qui aurait des objectifs contraires à des valeurs reconnues comme universelles et inaliénables.
Oui, la Chine est un grand pays. Oui, elle porte une culture millénaire. Mais la grandeur de cette Nation ne saurait reposer sur les charniers de ses massacres. Par cette lettre, ce sont bien les actions du gouvernement communiste que nous dénonçons.
Monsieur le Président, empêchez la Chine d’utiliser les JO pour faire oublier ses crimes de masse. Empêchez toute délégation politique de devenir la complice de la propagande de Pékin. Empêchez l’abandon de nos valeurs. Entendez la souffrance des victimes de Xi Jinping. La France, le pays des Lumières, le pays des droits de l’homme, ne peut pas aller applaudir et s’émerveiller devant une puissance génocidaire, à l’ombre de 350 camps de la mort. Ce serait une trahison de nos valeurs, ce serait une immense lâcheté.
Cette tribune est co-signée par: Dilnur Reyhan, chercheuse et présidente de l’Institut Ouïghour d’Europe; Sybille Douvillez, coréférente nationale de Place Publique Jeunes; Lola Yaiche, coréférente nationale de Place Publique Jeunes; Charlotte Seck, écrivaine et consultante en exécution de programmes humanitaires; Michel Eltchaninoff, philosophe; Hanna Assouline, réalisatrice.
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