Dans le cadre du festival Migrant’scène 2021
Séance unique le jeudi 2 décembre à 19h, suivie d’une rencontre animée par la Cimade. En partenariat avec la LDH.
Mary-Noël NIBA – documentaire France, Cameroun 2019 1h19mn –
Du 02/12/21 au 02/12/21
La principale force de ce documentaire tient dans la singularité de son point de vue. Sa réalisatrice, Mary-Noël Niba, de nationalité camerounaise, s’intéresse en effet à des aspects de la migration clandestine en Europe qui sont rarement pris en compte. Le film entreprend d’éclairer ces zones d’ombre en relevant, d’un côté, la part de fantasme et d’aveuglement qui entre parfois dans la décision du départ, et en recueillant, de l’autre, la parole de ceux, plus nombreux qu’on le croit, qui reviennent au pays, laminés.
Venus du Cameroun ou du Sénégal, Stéphane, Léo et Cheikh témoignent ainsi non seulement de leur dépit quant à l’expérience elle-même, mais aussi du regret de n’être pas resté au pays pour y avoir une chance finalement plus certaine de ménager la misère et l’indignité. On écoute avec sidération l’extraordinaire témoignage de la Sénégalaise Bobe Gayeou, envoyée comme travailleuse dans les champs espagnols par son propre gouvernement, exploitée sans merci, et rentrée brisée au pays.
Le film fait également le point sur une réalité méconnue : le mauvais accueil fait à ceux qui rentrent, soupçonnés d’avoir démérité et souvent mis au ban de la société. La honte de l’échec forme ainsi comme une sorte de prison mentale pour les migrants, auxquels il faut un grand courage pour rentrer et affronter l’opprobre. Beaucoup n’y parviennent pas, préférant vivre une vie de misère dans un « eldorado » qui se referme sur eux comme un piège. Guy Roméo, jeune Camerounais qui a mis trois années de sa vie à venir en France, à approcher son idole, le rappeur Mac Tyer, et tenter une carrière similaire à la sienne, est dans ce cas.
(Jacques Mandelbaum, Le Monde)