Photo: Adobestock/WHYFRAMESHOT
Entre les magasins fermés, la perte de revenus et ce petit détail qui nous empêche de nous retrouver physiquement avec bon nombre de nos proches, c’est l’occasion rêvée de poser votre joker et d’esquiver la tournée des cadeaux la tête haute. Mais si vous y tenez, si vous essayez désespérément de garder en vie cette petite flamme qui brûle au fond de vous aux couleurs de l’esprit de Noël, voici quelques conseils importants pour aiguiller vos choix et ne pas être responsable d’un malheur de plus dans cette année déjà bien assez chargée en désillusions.
Les animaux de compagnie
Soyons clairs, le moment n’est jamais bien choisi (non, vraiment, jamais) pour offrir un animal de compagnie. Et c’est certainement encore plus vrai en ces fêtes de Noël 2020. Recevoir un animal de compagnie pendant le confinement est déjà un choix risqué s’il est fait en conscience, mais croyez-moi, quand cette amie si chère à votre cœur se lèvera au beau milieu d’une nuit froide et sombre de la mi-janvier et tombera sur un joli caca odorant de sa (votre !) mascotte non désirée, opportunément déposé dans un coin du salon, sous un sapin de Noël qui perd ses aiguilles, c’est à vous qu’elle pensera.
Les dons à des œuvres de bienfaisance
Est-ce que ce n’est que moi ? Suis-je vraiment une si mauvaise personne ? Peut-être bien. Mais notez ce qui suit : si vous voulez faire un don à une œuvre de bienfaisance, rien ne vous en empêche. Surtout pas moi. D’ailleurs, si vous avez les moyens de le faire et que vous ne le faites pas, c’est vraiment pas terrible de votre part. Mais l’idée de me réveiller le matin de Noël pour découvrir que mon meilleur pote a fait un don de 50 € en mon nom à l’ONG Sauvons les Pangolins… voilà qui serait une cerise des plus amères sur le gâteau trop sec d’une année suffisamment riche en calamités.
Des expériences qui n’auront pas lieu (ou pas avant un bon moment)
Regardons la réalité en face. Il y a des trucs qui ne sont pas près de se produire avant un certain temps. Les énormes tablées de dîner avec 40 potes, les voyages, les soirées bondées où on danse comme des fous, en fait, un peu tout ce qui implique des groupes de personnes qui s’amusent. Ne pourrions-nous pas simplement prendre cet incroyable concours de circonstances pour ce qu’il est, un fait incontestable, et faire comme si ces activités n’existaient pas, au moins pendant un temps ? Triste perspective, je sais. Mais ça vaut mieux que d’offrir à votre meilleure amie un bon pour un SPA qui risque de rester aimanté au frigo pendant de longs mois, lui rappelant à chaque fois qu’elle le verra que vous n’êtes peut-être pas une si bonne amie. Que peut-être que vous êtes une personne odieuse et sans la moindre capacité d’empathie.
Les bons informels du genre « je m’engage à t’offrir / je te dois »
Cette catégorie est très bien placée ici, juste à la suite des « expériences qui n’auront pas lieu. » Mais elle a l’immense privilège d’évoquer quelque chose de pire encore, parce que dans le cas présent, il n’y a même pas de cadeau. Offrir à votre mère une carte sur laquelle il est écrit « Joyeux Noël, voici un bon pour un dîner dans ton restaurant préféré… quand tu veux ! » n’aura pas l’air aussi loufoque ou « bien vu » que vous l’espérez. C’est quoi l’idée ? Offrir à cette personne un point de vue plongeant sur votre culpabilité et votre cruel manque d’imagination ? Dans certains cas, il vaut mieux savoir ne rien offrir.
Des livres que les gens ne liront pas (et que vous n’avez pas lu non plus)
Je vous laisse imaginer les subtilités de cette catégorie. Soyez honnêtes, vous savez très bien quand vous offrez un livre qui relève de cette catégorie ou pas. Certaines personnes se plongeront avec plaisir dans le Goncourt ou le Renaudot de l’année, et vous savez parfaitement qui sont ces personnes. Vous savez aussi que si votre père n’a pas ouvert un bouquin depuis le Livre d’Or de la Coupe du Monde 1998, il ne sera sans doute pas transporté de bonheur en déballant l’intégrale de la saga L’Amie prodigieuse d’Elena Ferrante dont vous avez vaguement… « entendu dire que c’était absolument génial. » Le fait d’offrir un livre ne devrait pas avoir sa place parmi les cadeaux à ne pas faire, mais pour que ce cadeau reste un moment de plaisir, suivez bien ces deux petits conseils :
Achetez ce bouquin chez le libraire du coin. C’est important pour la vie des quartiers et votre libraire saura vous recommander un livre adapté à la personne à qui vous souhaitez l’offrir. Et faites vraiment cette démarche d’essayer de trouver le livre qui plaira à la personne, ainsi elle essaiera au moins de le lire, et elle ne se sentira pas mal à l’aise en le découvrant.
Un truc tout pourri
Ça a l’air évident, pas vrai ?! N’offrez pas à vos proches des trucs de merde qui iraient finir leur course au fond d’une poubelle avant même que le sapin ne commence à perdre ses aiguilles. Ou pire encore, un truc qu’ils poseraient sur la cheminée en attendant de pouvoir le jeter sans vous froisser ou se sentir coupables d’un tel geste. La planète se meurt, elle se noie littéralement sous le plastique. Alors prenez votre plus beau stylo (un simple stylo bille peut faire l’affaire) et écrivez à vos proches une lettre débordant de l’amour et de l’estime que vous leur portez plutôt que de vous précipiter dans le premier magasin venu pour acheter la première bouse venue. Effet garanti.
Le cadeau dont vous rêvez
Celui-ci est plutôt marrant. Et en toute honnêteté, j’admire l’audace de ce geste. Offrir à un proche (idéalement très proche) le cadeau dont vous rêvez, c’est vraiment tout ce qu’il y a de plus perfide et sournois. Surtout si c’est un cadeau simple, pratique et sans âme. Un aspirateur, par exemple. Permettez quand même que je vous glisse un petit conseil :
Si vous êtes disposé à aller aussi loin pour obtenir cet objet, c’est peut-être le signe que vous devriez vous l’offrir à vous-même. Et profitez-en.
Le COVID (ou la COVID, comme disent les puristes)
Je sais qu’il n’est pas forcément nécessaire de le rappeler, mais bon. Je me suis dit que ça aurait parfaitement sa place ici, alors voici :
Ces fêtes de Noël seront pour le moins non conventionnelles. Mais il y a un cadeau à ne SURTOUT pas offrir. Nous aimons tous nos grands-parents, mais peut-être que cette année, au lieu de les embrasser, on ferait mieux de se contenter d’un coup de téléphone ou, si l’on a pris suffisamment de précautions, d’un verre de champagne dans le respect des distances sociales. Avec un peu de chance, ça ira mieux l’année prochaine.
VICE France est sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.