Emily ATEF – France / Norvège 2022 2h02mn – avec Vicky Krieps, Gaspard Ulliel, Bjorn Floberg… Scénario d’Emily Atef et Lars Lubrich. Attention : danger, film pudique et formidable !.
Du 07/12/22 au 27/12/22
Plus que jamais est de ces œuvres fines, délicates, généreuses, au sortir desquelles on hésite entre se soulager des quelques larmes qui, immanquablement, viennent perler au coin de l’œil, et le franc sourire plein de vie à offrir aux doux rayons du soleil dans un jour d’hiver finissant. Un de ces films subtils, aériens, qui parviennent à célébrer la vie en parlant de la mort, sans pathos, sans mièvrerie aucune. Le fil sur lequel il nous invite à avancer oscille entre douleur et émerveillement, mais il tient fermement son équilibre, pur et fragile comme le filet de voix dans une chanson de Barbara. On l’aura compris : Plus que jamais nous a, dans l’instant de sa découverte, chaviré, enchanté et gonflé d’émotion. Il entre directement par la grande porte dans notre Panthéon des plus beaux mélodrames, sobres et sensibles, aux côtés de Haut les cœurs de Solveig Anspach, Comme une étoile dans la nuit de René Féret ou De son vivant d’Emmanuelle Bercot.
« Hélène se sait condamnée, elle souffre d’une maladie grave et incurable (une fibrose pulmonaire idiopathique, en langage de médecin) et ne supporte plus la bienveillance de ses proches, leurs maladresses inévitables, ni l’amour et la prévenance de son mari, Mathieu. En rage contre le refus de son épouse de lutter contre le mal qui la ronge – elle ne veut pas envisager la greffe des poumons qui, selon les médecins, pourrait, peut-être, la sauver, mais qui ne se ferait qu’après une longue attente –, Mathieu tente néanmoins de l’aider et de l’accompagner dans son quotidien. Mais Hélène préfère cohabiter avec sa solitude, le silence et ses états d’âme inévitablement douloureux…
« Emily Atef, comme déjà dans L’Étranger en moi ou Trois jours à Quiberon – consacré à une Romy Schneider en souffrance –, a un talent rare pour mettre en scène de manière lumineuse des héroïnes qui dialoguent avec les ténèbres et avec la proximité de la mort. Le miracle, c’est que grâce à sa sensibilité, à sa maîtrise scénaristique et formelle, le pathos et le chantage aux sentiments n’ont jamais droit de cité dans ses films.
Tourné dans sa seconde et plus longue partie au fin fond de la Norvège, où Hélène (Vicky Krieps, remarquable) trouve refuge auprès d’un homme mystérieux et mutique, approché en France via un blog sur internet, Plus que jamais confirme l’étendue du registre d’une cinéaste exigeante, délicate et élégante, qui préfère toujours la suggestion aux vociférations. » (d’après O. De Bruyn, Positif)
« Depuis que je suis toute petite, j’ai souvent pensé à ce moment de la fin de vie. Comment partir en étant bien ? Comment ne pas suivre l’injonction sociale ou le désir de nos proches, mais trouver sa manière à soi d’accueillir la maladie et, le cas échéant, la mort ? L’histoire d’Hélène parle de ça….
« Dans notre société occidentale, la mort est toujours décrite comme quelque chose d’affreux, de noir, de démoniaque. Je ne le sentais pas comme ça. Pour moi, la mort n’est pas quelque chose de funeste et de macabre. Bien sûr, je ne conteste pas que pour nous, les vivants, perdre un être cher c’est très triste, c’est déchirant. Mais pour la personne qui part, ça ne devrait pas l’être… Si j’ai un désir avec ce film, c’est que les spectateurs qui le verront auront, peut-être, le désir d’échanger sur ce sujet avec leurs proches. La fin de vie ne doit pas être un tabou… » (Emily Atef)
Enfin, on ne peut pas ne pas avoir une pensée pour Gaspard Ulliel, impressionnant de rage contenue dans ce dernier rôle marqué, ironie tragique du sort, par la mort, mais pas la sienne…