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Il est très important de savoir dire non. Même si vous voulez avoir l’esprit d’équipe, vous n’irez pas loin en laissant vos supérieurs vous marcher dessus. Mais alors, pourquoi est-il si difficile de dire non à un patron ? Vous pensez peut-être qu’il n’acceptera pas de refus et qu’il vous mettra en danger si vous refusez de faire quelque chose, mais en réalité, nous sommes nombreux à finir par en faire trop à cause de pressions psychologiques plus profondes.
« Dire non est une façon de définir nos limites et de les rendre visibles aux autres, explique Capizzi. Mais pour dire non, nous devons être en phase avec nos besoins et assumer la responsabilité de notre monde intérieur. Nous ne pouvons pas toujours attendre de l’autre personne qu’elle comprenne ce que nous ressentons. C’est pourquoi dire non n’est pas toujours facile. »
Égoïste, grossier, ingrat ou tout simplement antipathique, voilà autant de traits de caractère négatifs associés à ceux qui disent non au travail. Mais il y a aussi quelque chose à envier à nos collègues qui savent exactement ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire et qui ne se soucient pas de ce que les autres pensent. Pour la plupart des gens, il est difficile d’être aussi confiant. « Peut-être pensez-vous que dire non vous rendra moins populaire ou déclenchera un conflit, poursuit Capizzi. Peut-être craignez-vous de décevoir l’autre personne, et par conséquent, vous éprouvez le besoin de vous montrer sous votre meilleur jour à tout prix. »
Selon Macchi, cet instinct de complaisance est particulièrement marqué au travail, car nous y passons une grande partie de notre temps – environ 25 % de la semaine pour un employé à temps plein – et nous finissons par développer des relations profondes avec nos collègues. « C’est un sentiment très humain, qui découle de notre besoin d’inclusion sociale à un niveau psychologique », explique Macchi. De plus, le fait de dire oui et d’être récompensé pour cela est tout simplement agréable. « Notre cerveau libère alors de la dopamine », ajoute Capizzi.
Mais le fait de toujours dire oui à du travail supplémentaire peut être dangereux. « Lorsqu’il y a un déséquilibre entre les exigences de l’entreprise et les ressources ou les besoins personnels du travailleur, ce dernier connaît un état de stress », dit Capizzi. Ce stress, s’il est accumulé, peut conduire au burn-out, « un sentiment d’épuisement, de démotivation, de désintérêt, de détachement émotionnel par rapport à son travail et une baisse d’efficacité ».
L’irritabilité, les difficultés de concentration, la tendance à s’isoler, les problèmes de sommeil et d’alimentation, voire des symptômes physiques comme les migraines ou les problèmes de digestion – tous ces éléments peuvent être des signes de burn-out. « En règle générale, les personnes les plus exposées au burn-out sont celles qui ont des attentes élevées envers elles-mêmes, qui sont perfectionnistes et qui ont tendance à vouloir en faire trop », poursuit Capizzi. Souvent, ces personnes ont une forte éthique professionnelle, mais peuvent aussi être paralysées par des doutes et des insécurités concernant leur travail.
Inutile de dire que ce n’est pas viable à long terme. Il est important de dire non car cela nous permet de « réactiver notre sens de l’autodétermination et de l’auto-efficacité dans nos tâches », selon Macchi. Et puis, le fait de connaître ses limites et de les poser peut être utile à l’entreprise, afin que l’équipe puisse s’organiser et trouver des solutions alternatives pour atteindre ses objectifs.
« Dire non peut me faire passer, aux yeux du patron, pour un collaborateur actif, une personne capable de protéger ses propres besoins et ceux de l’entreprise », dit Macchi. En fait, si vous évitez de dire non, vous risquez non seulement de vous épuiser, mais aussi de stresser vos collègues et de perturber leur flux de travail si vous avez besoin d’une aide supplémentaire pour terminer une tâche.
Mais après des années à dire oui, vous ne savez peut-être même pas par où commencer. « Vous pouvez ralentir et vous demander ce qui vous pousse à dire oui dans ces contextes », dit Macchi. Commencez par avoir une conversation honnête avec vous-même, en comprenant vos limites et ce qui est vraiment important pour vous, en trouvant votre « centre de gravité », comme le dit Macchi. Ensuite, vous devez vraiment intégrer dans votre esprit que le refus est une option avant de penser à des stratégies concrètes sur votre lieu de travail.
Si vous voulez dire non mais que vous avez peur des répercussions ou que vous n’avez tout simplement pas l’habitude de fixer des limites, demandez-vous quelle serait la pire conséquence que vous pourriez avoir en refusant, ou si vous avez vraiment intérêt à accepter la demande.
Enfin, il faut du temps et de la pratique pour apprendre à être franc et sincère avec soi-même sans culpabiliser. Comme le dit un proverbe corse : « Celui qui demeure la bouche fermée n’obtient ni pain ni bons aliments. » Autrement dit, vous avez intérêt à vous défendre, sinon vous ne pouvez pas vous attendre des autres qu’ils vous comprennent et vous respectent.
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