Pas de doute, La République en Marche se remet en mouvement après des années parfois ternes, marquées notamment par l’échec aux élections municipales de 2020. “On se met en marche. Je pose des cailloux. On sera prêts et préparés. Je veux que tout soit en place”, explique le délégué général du mouvement, Stanislas Guérini.
On se met en marche. Je pose des cailloux. On sera prêts et préparés. Je veux que tout soit en place.Stanislas Guérini, délégué général d’En Marche
Des idées dans lesquelles puise le chef de file du mouvement pour bâtir le prochain programme présidentiel du chef de l’État. “En 2017, notre force est d’avoir été intransigeants sur le projet. Je veux que nous parlions avant tout de ce qu’on veut faire pour le pays”, se félicite Stanislas Guérini. Il y a quatre ans, la “grande marche” avait permis à Emmanuel Macron d’identifier les sujets qui montaient dans la société, comme l’égalité entre les femmes et les hommes qu’il perçoit quelques mois avant #MeToo et dont il fera la grande cause de son quinquennat, malgré quelques déceptions par la suite.
“La bande annonce du déconfinement”
Avec l’annonce de son plan de déconfinement dans la presse régionale le 30 avril, Emmanuel Macron a lui-même implicitement donné le coup d’envoi de sa campagne. En promettant une grande consultation nationale dont on ne connaît pas encore les contours, en assurant qu’il reprendrait son “bâton de pèlerin” pour parcourir le pays et, surtout, en communiquant à outrance, comme pour une campagne électorale, sur les dates de sortie de crise pour les Français. La presse luxembourgeoise s’est étonnée que Macron “ose” diffuser la “bande-annonce du déconfinement” avant même son effectivité.
Mais qu’importe. Le chef de l’État sait qu’il sera jugé en grande partie sur sa gestion de la crise sanitaire et qu’une belle sortie de crise pourrait venir atténuer les fiascos des débuts avec les masques ou le démarrage laborieux de la campagne de vaccination.
On s’agite dans les ministères
Au sein du gouvernement aussi, on commence à s’activer discrètement. “Je commence à penser au projet, oui, et notamment à tout ce que j’aurais voulu faire et que je n’aurai pas eu le temps de faire”, assume Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État à l’Industrie, reprenant une formule qui circule dans plusieurs ministères et qui sera sans doute l’un des éléments de langage de la campagne. “Je pense par exemple à la souveraineté industrielle, à l’égalité des chances ou à l’industrie pour revitaliser les territoires: beaucoup a été fait, nous avons semé des graines, mais les fleurs ne sont pas encore écloses”, poursuit la responsable de la production et des commandes de vaccins, sur un ton plus printanier.
Amélie de Montchalin, chargée au gouvernement de mener la réforme de la haute fonction publique, a mis en place un “baromètre de l’action publique” qui permet de voir les projets de loi votés et si les promesses du président ont été tenues, département par département. “Clairement, l’action de la ministre porte sur le bilan puisqu’elle est en charge de l’exécution des réformes. Cette approche peut nous être très utile pour la suite pour montrer tout ce qui a été réalisé et tout ce qu’il reste à faire, mais elle nous sert surtout pour faire avancer les choses au quotidien, c’est ce que nous demandent les Français”, explique-t-on dans son entourage.
Ils peuvent toujours faire des documents Word, c’est pas sur le bilan qu’on gagne une campagneUne source ministérielle
À raison d’un déplacement par semaine, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques dit avoir une bonne “cartographie” des attentes des Français et des élus locaux. “Les Français que je croise sur le terrain attendent des résultats concrets et en bas de chez eux. Je pense que la campagne de 2022 se fera aussi sur des thèmes ultra-locaux”, anticipe Amélie de Montchalin. Elle fait remonter les sujets qui n’avancent pas assez vite, comme le déploiement de la fibre par exemple, à l’Élysée et à Matignon pour tenter de trouver des solutions ministérielles. Un poste à 360 degrés qui pourrait la conduire à obtenir un rôle-clé pendant la campagne de 2022. “On ne se prononce pas sur la campagne, parce qu’elle est encore lointaine. La ministre est dans l’action, au présent”, nuance-t-on opportunément dans son entourage.
Jean Castex suit d’un œil attentif cette mise en musique du bilan présidentiel qu’il espère porter jusqu’au bout du quinquennat. “Par définition, le chef de la majorité regarde de près l’action gouvernementale. Parler de bilan c’est un peu tôt, nous parlons plutôt d’une remise en perspective de tout ce qui a été fait depuis le début du quinquennat”, explique-t-on, dans une belle reformulation, à Matignon.
En privé, certains conseillers ayant déjà quelques années de vol derrière eux regardent de travers ce genre d’initiative. “Ils peuvent toujours faire des documents Word, mais ce n’est pas comme ça qu’on gagne une campagne”, persifle une source ministérielle bien introduite. “À un moment, il faut parler de l’avenir. C’est comme en amour, si on tente de reconquérir quelqu’un en parlant du passé, ça ne marche pas”. On aura sans doute vu des cas où ça marche, mais la campagne, de l’avis de tous, “est encore lointaine”. Et comme toujours en politique, il peut se passer beaucoup de choses d’ici là.
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