Écrit, photographié, monté et réalisé par Quentin DUPIEUX – France/USA 2014 1h27mn – Alain Chabat, Jonathan Lambert, Elodie Bouchez, Kyla Kenedy, John Glover, Eric Wareheim…
Du 06/03/24 au 26/03/24
Ceux qui aiment les films de Quentin Dupieux se retrouveront en terrain connu, en pantoufles, à l’aise… Ceux qui détestent n’ont nul besoin de venir voir ce nouveau film qui ne les fera pas changer d’avis… Mais les incertains, les hésitants, ceux qui sont restés jusqu’ici au pas de la porte peuvent trouver avec ce Réalité la clé pour entrer dans l’univers barré de Dupieux, ne serait-ce que grâce à Alain Chabat, qui va leur servir de guide…
« D’inspiration, toute proportion et toute révérence gardées, Buñuélienne, tendance Ange exterminateur, cette farce prend plaisir à emprisonner ses personnages dans une brume spatio-temporelle fort réjouissante. Du film dans le film, du rêve dans le rêve, le scénario multiplie les mises en abyme avec malice. Une quête volontiers dérisoire sert de ligne conductrice à cet enchâssement de récits : celle d’un producteur prêt à financer la réalisation d’un scénario quand son auteur – un cameraman un peu à côté de la plaque dont les ambitions de cinéastes semblent trop grandes pour lui – sera parvenu à enregistrer un gémissement de souffrance atroce capable de faire hurler les foules d’effroi (on pensera à la recherche du cri absolu par John Travolta dans le Blow Out de Brian De Palma)…
« Tournée aux États-Unis, cette charge contre le système hollywoodien brocarde les mœurs de la profession avec une gourmandise communicative. Dépassant le stade de la pochade, le cinéma de Dupieux déploie ici sa singularité sans se renier, avec désormais une plus grande exigence d’écriture, déroule une mécanique jubilatoire, qui multiplie les références au cinéma bis, les emboîtements scénaristiques et linguistiques, les gags franchement drôles et… les grosses ficelles.
« Il fallait toute la dinguerie d’Alain Chabat pour donner corps à cette petite folie cinématographique. Avec en filigrane son passé chez Les Nuls, il apporte son grain de folie douce, sa générosité bonhomme. Réflexion sur le cinéma, jeu scénaristique de haut vol, ce Réalité est bien plus qu’une bonne blague : un cadavre exquis d’une belle finesse. » (Positif)
PS : le cadavre exquis est un jeu collectif inventé par les surréalistes, « qui consiste à faire composer une phrase ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. » (in Le Dictionnaire abrégé du surréalisme) La première phrase qui résulta de l’exercice fut celle-ci : « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau. » C’est elle qui a donné au jeu son nom…