Interrogée sur France Inter pour savoir si elle trouvait cette situation “normale” en plein #MeToo au théâtre, la ministre a répondu: “Je n’ai pas à intervenir dans la gestion de La Colline. Je regrette que Betrand Cantat ait été invité néanmoins”.
Roselyne Bachelot a fait valoir “la liberté de la création” et a souligné que le patron de la Colline, Wajdi Mouawad, ne pouvait “pas être accusé de la moindre complaisance en ce qui concerne la lutte contre les violences sexuelles et sexistes”. Le spectacle Mère, créé et mis en scène par Wajdi Mouawad, sera joué du 19 novembre au 30 décembre.
“Si vous décidez que le symbole est plus important que la justice, il ne faut pas qu’il monte sur scène. Mais s’il ne monte pas sur scène, […] ça veut dire que vous sacrifiez un peu l’idée que vous avez de la justice, puisque vous lui infligez une deuxième peine”, se défendait-il, en 2019, devant la flambée de colère à l’occasion des représentations de ce même spectacle au Canada.
#MeToo au théâtre
Les propos de la ministre de la Culture paraissent, eux, alors même que quatre ans après le début du mouvement #MeToo, la vague atteint le milieu théâtral en France. Ce samedi, quelques centaines de personnes ont manifesté à Paris pour dénoncer l’omerta devant le ministère.
L’une des instigatrices du mouvement, Marie Coquille-Chambel, a pris la parole sur Twitter, ce même lundi, pour dénoncer l’attitude de Roselyne Bachelot, rappelant qu’il est encore temps d’agir.
En plus ce « je regrette que Cantat y ait été invité » comme si l’on parlait d’une action passée. Ce n’est pas le cas. C’est en novembre. On sera là. #MeTooTheatre
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) October 18, 2021
L’actrice Marie Trintignant avait succombé aux coups de Bertrand Cantat, ancien chanteur du groupe de musique Noir Désir, en 2003 à Vilnius. Le chanteur avait été condamné à huit ans de prison. Il en a effectué quatre, dont un en Lituanie, avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en 2007. Son contrôle judiciaire a pris fin en 2011.
Bertrand Cantat a perdu en juin 2020 le procès en diffamation qu’il avait intenté au Point. Dans un article publié fin 2017, l’hebdomadaire lui imputait d’avoir commis des violences contre plusieurs de ses compagnes.
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