SÉCURITÉ – Un de nos lecteurs belges
nous a dit les appeler “les centristes”. Ces amoureux de la vitesse “moyenne”, qui, sur l’autoroute ou le périphérique, ont pris la fâcheuse habitude de rester camper sur la voie du milieu, au lieu de se rabattre dès qu’ils en ont l’occasion. Ces mêmes qui,
par leur conduite, poussent les conducteurs de la file de
droite, excédés, à commettre la faute en les doublant.
A l’heure du retour des
vacances et en ce nouveau
week-end de chassé croisé –
ce samedi 21 août est classé rouge par Bison Futé -, on ne manquera pas d’en rencontrer. Cette pratique, très répandue en
France, est pourtant risquée et interdite par le Code de la
route, comme le rappelle chaque année la Sanef.
Mais la majorité des conducteurs le savent-ils seulement? Rien n’est moins sûr. Au HuffPost, au-delà de la méconnaissance de ce que dit le Code de la route, on s’est demandé – après des échanges passionnés entre les pro “voie du milieu” et les anti – ce qui encourageait ces automobilistes de la voie centrale à y rester. Alors on a tout simplement posé la question à nos lecteurs, via nos réseaux sociaux.
“Je roule au milieu parce que c’est la voie qui offre le plus de solutions”, justifie Vincent. “Pour éviter un accident, je peux accélérer, ralentir, aller à droite ou à gauche, tout en roulant à la vitesse qui me convient, ni trop vite, ni trop lentement”, détaille le conducteur.
Comme lui, plus d’un tiers des automobilistes Français (37% selon l’Observatoire de la Sanef) utilise excessivement la voie centrale de l’autoroute. “La nuit, c’est un conducteur sur deux qui roule excessivement sur la voie du milieu”, précise Pascal Contremoulins, responsable de la sécurité du groupe Sanef.
“En restant à droite, je me sens souvent en danger car je colle de près les voitures qui roulent à 60 km/h”, estime Sarah, 33 ans. “Je me retrouve donc à dépasser puis à me rabattre sans cesse sur le trajet et ce slalom est très dangereux”, selon l’automobiliste.
Le choix de la facilité
Outre les dépassements incessants, c’est le système de conduite qui peut aussi encourager cette pratique. “Je préfère me reposer sur la conduite
automatique, sans changements de vitesse majeurs et sans intervention pendant des centaines de kilomètres. Ces
technologies modernes de pilotage semi-autonome m’ont rendu fainéant et m’incitent à rester au milieu”, reconnaît Benjamin.
Brice partage le même avis. “Rester au régulateur au milieu est pour moi plus pratique et plus économique et écologique, ça m’évite de donner un coup d’accélérateur puissant”, estime le jeune
homme de 29 ans.
Pourtant, l’article R412-9 du Code de la route est très clair à ce sujet: “En marche normale, tout conducteur doit maintenir son véhicule près du bord droit de la chaussée, autant que le lui permet l’état ou le profil de celle-ci.”
En d’autres termes, sur l’autoroute ou le périphérique, la voie du milieu et la file de gauche ne sont à utiliser qu’en cas de dépassement. On pourrait alors se demander: pourquoi existe-t-il deux voies de dépassement dans ce cas? La réponse est pour permettre aux véhicules de doubler un poids lourd alors que ce dernier double un autre poids lourd. Mais une fois le dépassement effectué, le camion doubleur et la voiture, doivent se rabattre sur la voie de droite.
Une pratique dangereuse
Souvent jugée, à tort, comme étant un
comportement sans
danger, l’utilisation excessive de la voie centrale présente en
réalité de nombreux risques. “Sur l’autoroute, beaucoup de gens se collent sur la voie du milieu, ce qui oblige des
véhicules plus rapides à la doubler par la
gauche, ce qui est une autre infraction”, prévient Laurence Guillerm, directrice de la
communication de
l’Association des sociétés françaises d’autoroute (ASFA)
auprès de BFMTV.
“Outre le risque du dépassement par la
droite, il peut y avoir un problème au niveau de la répartition des voies. Il faut rappeler que la voie de
droite n’est pas réservée aux
poids lourds”, rappelle Pascal Contremoulins.
Mais la règle semble encore assez méconnue des
conducteurs. “Les forces de l’ordre sanctionnent cette pratique,
mais en général les conducteurs ne comprennent pas leur faute.”
Mais pour Amélie, habituée au périphérique parisien, le manque de courtoisie des automobilistes rend impossible le respect de cette règle. “Si l’on roule sur la voie de droite, rares sont les véhicules du milieu qui vont ralentir pour vous laisser dépasser” explique la jeune femme. Et d’assurer: “Rouler au milieu protège aussi de ceux qui forcent le passage quand ils s’insèrent sur la route.”
Pourtant, il n’est pas rare de voir sur les autoroutes des panneaux d’avertissement et messages de mise en garde de type: “Je double, je me rabats.”
35 euros d’amende
Si le nombre exact d’accidents liés à cette pratique est difficile à définir, on peut noter que “les manœuvres dangereuses et les inattentions représentent 32% des causes d’accidents sur l’autoroute”, déclare Pascal Contremoulins.
Interrogé par
Le Parisien, le
psychologue Jean-Pascal Aissailly, auteur de
“Homo automobilis ou l’humanité routière” (Ed. Imago), évoque une autre raison qui justifie cette pratique: l’individualisme à la française, illustrée par la fameuse phrase “si d’autres le font, alors pourquoi pas moi?” Pour lui, cela se traduit par “un manque de
citoyenneté et de partage”: “En restant au milieu, on réduit l’espace à
deux voies au lieu de trois pour un motif individualiste, personnel.”
Pour rappel, une conduite “abusive” sur la voie du milieu est passible de 35 euros d’amende. Réglée immédiatement, elle est alors minorée à 22 €. En revanche, elle peut grimper à 150 € en cas de paiement tardif. Les automobilistes qui doublent par la droite, eux, risquent trois points en moins sur leur permis et 135 euros d’amende.
À voir également sur Le HuffPost: Dans l’Oise, un camion percute un péage après une course-poursuite et prend feu
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