Dans la bataille juridique qui l’oppose à Epic Games, Google vient de remporter une manche décisive. Un juge fédéral californien a suspendu l’injonction qui obligeait le géant de Mountain View à ouvrir son écosystème Android à des boutiques d’applications concurrentes. Cette décision offre un répit bienvenu à l’entreprise, qui reste néanmoins confrontée à d’autres défis juridiques importants.

Le monopole contesté de Google Play

Le 7 octobre dernier, la justice américaine avait ordonné à Google d’autoriser l’installation de plateformes alternatives à Google Play Store sur les appareils Android. Cette décision, qui devait prendre effet le 1ᵉʳ novembre, donnait à l’entreprise huit mois pour se conformer à ces nouvelles règles. Elle faisait suite à un verdict rendu en décembre 2023, qui avait reconnu Google coupable d’user de pratiques anticoncurrentielles sur le marché des applications pour évincer la concurrence.

Face à cette injonction, Google avait, sans surprise, immédiatement fait appel et demandé un sursis. La tentative s’est révélée fructueuse : la suspension accordée vendredi par le juge fédéral permet donc à l’entreprise de maintenir le statu quo sur son Play Store, le temps que son recours soit examiné. « Nous sommes satisfaits de cette décision », a déclaré l’entreprise.

Un écosystème en sursis

L’enjeu de cette bataille juridique dépasse largement le cadre d’un simple conflit commercial. Il remet entièrement en question le modèle économique de Google sur le marché des applications mobiles, un moteur financier central de la firme. En effet, Google Play représente non seulement une source de revenus colossale, mais aussi un élément clé de l’écosystème Android, permettant à Google d’avoir la main sur la distribution et la monétisation des applications sur sa plateforme.

L’ouverture forcée de cet écosystème à des concurrents directs pourrait avoir des répercussions profondes sur la stratégie de Google dans le secteur du mobile. La position largement dominante de Google sur ce marché pourrait donc être fortement fragilisée si cette ouverture aurait lieu un jour.

Un géant sous pression juridique

Si cette décision offre un répit à Google, elle ne marque qu’une petite pause dans une série d’affrontements judiciaires auxquelles l’entreprise fait face. Deux autres bras de fer sont en en cours outre-Atlantique, menaçant les piliers de l’empire Google.

Le premier concerne le cœur de métier de l’entreprise : son moteur de recherche. Condamnée pour monopole en août dernier, Google attend désormais de connaître les sanctions qui lui seront imposées. Cette décision pourraient avoir un impact considérable sur une activité qui a généré plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise l’année dernière. Le second concerne le marché de la publicité en ligne, où un procès a débuté il y a un mois dans l’État de Virginie. Là aussi, la justice américaine accuse Google de dominer tous les segments de la chaîne publicitaire numérique.

Avec un chiffre d’affaires de 282,8 milliards de dollars en 2023, dont plus de la moitié provient de la publicité liée aux recherches, l’entreprise joue gros. L’issue de ces procès pourrait faire plier Google et complètement éroder sa domination, que ce soit du côté du marché mobile que de la recherche en ligne. Dans ce contexte, chaque petite victoire, même provisoire, revêt une importance stratégique pour le géant.

• Google obtient un sursis dans sa bataille juridique contre Epic Games concernant l’ouverture du Play Store à la concurrence.
• La suspension de l’injonction permet à Google de diriger son écosystème habituellement en attendant la décision finale.
• Malgré ce répit, Google reste sous pression avec d’autres procès en cours concernant son moteur de recherche et la publicité en ligne.

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