Cesc GAY – Espagne 2020 1h22mn VOSTF – avec Javier Cámara, Griselda Siciliani, Belén Cuesta, Alberto San Juan… D’après sa pièce Les voisins du dessus.
Du 08/09/21 au 14/09/21
Une « comédie caliente » comme le susurre l’affiche. Un vaudeville loufoque et franchement hilarant qui est aussi un véritable effeuillage des sentiments et une illustration de l’audace amoureuse. Le réalisateur Cesc Gay continue de creuser la veine des relations humaines, dans la droite ligne de son précédent Les Hommes ! De quoi parlent-ils ? ou de son délicieux Truman. On est dans la droite ligne de la comédie de mœurs à la fois drôle et sensible, dont l’audace tranquille nous amène à réfléchir en toute jovialité. Invitation à faire de petits pas de côté pour nous, qui sont en réalité de grands pas pour l’humanité, la tolérance… Tout cela bien sûr dans la joie et la bonne humeur, au fil d’un récit qui déploiera progressivement toute sa dimension comique et décalée.
Après des années de vie commune, Julio (l’inénarrable pince-sans-rire Javier Cámara) et Ana (la pétillante Griselda Siciliani) s’égratignent à fleuret mouchetés. Ce ne sont pas de fracassantes disputes qui agitent leur couple, c’est plutôt un combat de tranchée où chacun montre tour-à-tour son nez pour lancer une pique, une petite réflexion cynico-taquine. Entre eux deux, telle une bestiole de compagnie tapie dans l’ombre mais durablement installée, guette la bien connue lassitude liée aux habitudes. Tout semble sujet à critiques larvées, tout est prétexte à prendre le contre-pied de l’autre au lieu de prendre son pied tout court. Chacune en veut à l’autre de de ne pas deviner à demi-mots ses attentes. Chacun se voudrait être le centre de l’attention, celui ou celle qui a toujours raison. Ni elle ni lui ne se sentent comblés, désirés, à tel point qu’il n’osent même plus trop en parler. Et comme si la situation n’était pas suffisamment tendue, les voisins du dessus, bien involontairement, vont venir attiser les braises, mettre de l’huile sur le feu qu’ils ne se contentent pas d’avoir au cul. Un comble pour un pompier (il faut avoir vu le film pour saisir l’allusion) ! Chaque nuit renouvelée, ils réitèrent leurs transports amoureux et nul ne peut ignorer leurs orgasmes voluptueux et volubiles. Cela pourrait bel et bien être la goutte d’eau capable de faire déborder une coupe déjà trop pleine, car enfin, à l’étage en dessous on aurait bien besoin de dormir, on est des gens sérieux, faute de mieux… Supplice terrible qui renvoie sans doute nos deux anciens tourtereaux laborieux à la flamme du désir qu’ils n’ont pas su entretenir. Mais ça, ils ne se l’avoueraient pour rien au monde. Ils préfèrent bougonner de loin, par derrière, contre ces bruyants voisins.
Jusqu’à ce que… Julia aie la brillante idée d’inviter Laura et Salva à descendre d’un étage pour un petit apéro dinatoire, une petite sauterie de bon voisinage… Et c’est là que les choses sérieuses, donc très drôles, vont débuter. Bien sûr Julio ne l’entendra pas de cette oreille : il a évidemment 50 copies à corriger, ni le temps ni l’envie d’être sociable envers ces gens-là, trop envahissants et lourds (pensez : ils osent le saluer tous les matins !)… Décidément rien ne va, Anita ne fait rien de bien : qu’elle nécessité avait-elle de se faire livrer un tapis inutile ? Mais il découvrira au cours du repas, qui aura bel et bien lieu avec les voisins, entre deux amuses-bouches, que les tapis ne sont inutiles que pour ceux qui se content d’y poser sagement et tristement les pieds, que les gens légers et heureux existent, que parfois il suffit de laisser une belle place à la liberté pour redonner un peu de piquant à la vie, en particulier sexuelle.
Anecdotes croustillantes, émoustillantes ? Nul doute, il y a chez le réalisateur une part de vécu : ce sont les gémissements de plaisir de sa voisine, créant de l’émoi dans toute la maisonnée, qui ont inspiré le début de son intrigue. Son imagination a fait le reste, et elle a plus d’un tour dans son sac !