TECHNOLOGIES – Cette semaine, la 5G aura été au cœur de l’affrontement entre les “innovateurs” et les “Amishs” après les propos d’Emmanuel Macron. Mais au-delà de la polémique politique, qu’en pensent les Français alors que l’attribution des fréquences de cette technologie mobile doit débuter à la fin du mois dans le pays? Force est de constater qu’ils sont bien plus mesurés que certains…
Ce jeudi 17 septembre, une enquête d’opinion d’Ifop pour le site Lemon.fr dévoilée par Le Parisien vient nous éclairer sur le sujet. Elle montre que les Français sont majoritairement pour le déploiement de cette nouvelle technologie qui promet des débits cent fois plus rapides. Mais ce sondage révèle également que la population est sensible à l’impact environnemental que la 5G pourrait avoir et à bien d’autres conséquences potentielles.
Comme le noteLe Parisien, 63% de la population souhaite que les pouvoirs publics facilitent le déploiement de la 5G. Plus surprenant: chez les sympathisants d’EELV, on compte 57% d’opinion favorable au déploiement de cette technologie, et ce malgré la fronde des écologistes contre les nouvelles antennes et la demande de moratoire de 70 élus de gauche et écologistes, dont Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, ce dimanche.
Mais ce sondage (réalisé du 14 au 16 septembre, auprès d’un échantillon de 1.020 personnes, représentatif de l’ensemble de la population vivant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus, et d’un échantillon de 1.031 personnes, représentatif de la population vivant dans les villes de 100.000 habitants et plus) met aussi en lumière la prudence et la réticence des Français sur les volets santé, vie privée et environnement de la 5G.
D’ailleurs, les Français sont plus méfiants à l’égard de la 5G en ce qui concerne ses potentielles conséquences sur la vie privée (72%) ou sur l’environnement (65%) que sur la santé (51%)!
66% des citadins habitant dans une agglomération de 100.000 habitants et plus pensent que la 5G “constitue un progrès pour la société”, et 51% estiment que la 5G “a des effets négatifs avérés sur la santé humaine”. Un chiffre qui montre une nette évolution. Selon l’Ifop, 56% des personnes interrogées jugent les antennes de téléphonie mobile et les téléphones portables”sûrs” pour la santé humaine. Ils n’étaient que 18% à le penser en 2011, rappelle Le Parisien.
65% des sondés estiment que “l’augmentation de la consommation électrique provoquée par l’usage” de cette nouvelle technologie “constitue une menace pour les ressources naturelles et l’environnement”.
72% des Français pensent que la 5G “permettra une plus importante collecte de données personnelles par des organismes publics et privés”.
Quid du moratoire demandé par les membres de la Convention citoyenne pour le climat puis par certains élus de gauche et écolos dans leur tribune sur le JDD? Une minorité des sondés, 48%, est favorable à une suspension de la 5G au moins jusqu’à l’été 2021. Cette demande a d’ailleurs été balayée par Emmanuel Macron avec ses petites phrases sur “la lampe à huile”. Une position réaffirmée ce mercredi par Barbara Pompili sur Europe 1. La ministre à la Transition écologique a affirmé qu’il “ne va y avoir en gros aucun risque si on respecte les normes”, s’appuyant sur un rapport, commandé par le gouvernement au début de l’été.
Selon ce rapport, il n’y a pas “d’effets néfastes avérés à court terme en dessous” des valeurs limites recommandées concernant l’exposition aux ondes électromagnétiques.
“Toute la littérature scientifique nous dit que sur la bande des 3,5 gigahertz (…) qui est concernée par les enchères qui vont être lancées à la fin du mois, il n’y a pas de sujet”, a souligné la ministre, en relevant que cette bande de fréquence “est utilisée depuis longtemps”.
Répétant ces arguments mercredi après-midi devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Barbara Pompili a dans le même temps insisté sur la nécessité de se pencher sur l’“impact écologique” d’une technologie qui “risque d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre”. “On va élaborer une stratégie de sobriété numérique” pour voir “quels usages on peut essayer de réduire”, a-t-elle ajouté, évoquant des rapports sur ce thème du régulateur des télécoms Arcep et de l’Ademe attendus avant la fin de l’année.
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