Depuis deux décennies, l’organisation de défense des droits des médias classe les pays et territoires du monde entier en fonction de la liberté de la presse sur leur sol. Et pour sa dernière édition, l’ONG note “les effets désastreux du chaos informationnel (un espace numérique globalisé et dérégulé, qui favorise les fausses informations et la propagande)”.
Elle pointe notamment du doigt “le développement de médias d’opinion sur le modèle de [la chaîne d’information américaine] Fox News et la banalisation des circuits de désinformation, amplifiée par le fonctionnement des réseaux sociaux” dans l’“accroissement des clivages”. Une donnée qui expliquerait “le regain des tensions sociales et politiques” en France.
La guerre en Ukraine “préparée par une guerre de la propagande” russe
Reporters sans frontières décrit également dans son communiqué de presse “l’asymétrie entre […] les sociétés ouvertes et […] les régimes despotiques qui contrôlent leurs médias et leurs plateformes tout en menant des guerres de propagande”, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Sabrina BLANCHARD, Cléa PÉCULIER / AFP
“L’invasion de l’Ukraine (106e au classement) par la Russie (155e) à la fin du mois de février 2022 est emblématique du phénomène, puisqu’elle a été préparée par une guerre de la propagande”, souligne l’ONG, qui a cette année modifié sa méthodologie.
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La Russie intègre d’ailleurs cette année la liste rouge du classement, aux côtés de onze autres pays. La Birmanie (176e), le Turkménistan (177e), l’Iran (178e), l’Érythrée (179e) et la Corée du Nord (180e) ferment les marches du classement pour leur répression de la presse.
#RSFIndex : RSF dévoile son Classement mondial de la liberté de la presse 2022
1: Norvège🇳🇴
2: Danemark🇩🇰
3: Suède🇸🇪16: Allemagne🇩🇪
26: France🇫🇷
42: USA🇺🇸
58: Italie🇮🇹
71: Japon🇯🇵
134: Algérie🇩🇿178: Iran🇮🇷
179: Érythrée🇪🇷
180: Corée du Nord🇰🇵https://t.co/UJwtIlcGdwpic.twitter.com/mkLS9VIouu— RSF (@RSF_inter) May 3, 2022
En outre, Hong Kong fait “la plus grosse chute de l’année”, indique à l’AFP Cédric Alviani, responsable du bureau Asie de l’Est de RSF, basé à Taïwan. Selon lui, cette dégringolade “est pleinement méritée en raison des attaques constantes contre la liberté de la presse et de la lente disparition de l’État de droit à Hong Kong”.
Rien qu’au cours de l’année dernière, elle a chuté de 68 places pour atteindre le 148e rang, ce qui place le centre d’affaires international entre les Philippines et la Turquie. Hong Kong, plaque tournante régionale pour les médias internationaux et locaux, n’a cessé de descendre dans le classement sous la domination chinoise.
La Chine toujours dans les pires pays
Lorsque l’ONG a publié son premier rapport en 2002, Hong Kong possédait des médias parmi les plus libres d’Asie et se classait au 18e rang mondial. Le territoire était considéré comme une oasis de liberté d’expression grâce à la formule “un pays, deux systèmes”, selon laquelle Pékin a promis que la ville pourrait conserver ses libertés fondamentales et son autonomie pendant 50 ans après la rétrocession de 1997 par la Grande-Bretagne.
Aussi, RSF a toujours classé la Chine comme l’un des pays les plus hostiles au monde pour les journalistes, et la situe actuellement au 175e rang sur 180. D’après l’ONG, la Chine “a utilisé son arsenal législatif pour confiner sa population et la couper du reste du monde”.
La Norvège, le Danemark et la Suède restent “le modèle démocratique où s’épanouit la liberté d’expression” et autre bonne nouvelle, “grâce à un changement de gouvernement en Moldavie (40e) et en Bulgarie (91e)”, le sort des journalistes s’est nettement amélioré dans les deux pays, “même si les médias y sont encore essentiellement détenus ou contrôlés par des oligarques”.
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