La précarité du droit au séjour et l’impact sur la santé mentale
Vendredi matin, dans le nord de Bruxelles. Trois files se forment devant l’entrée d’un grand bâtiment gris anthracite. Des hommes seuls, en grande majorité. Quotidiennement, entre 300 et 700 bénéficiaires se pressent au hub humanitaire. Piloté par cinq associations, le consortium vient en aide aux personnes en situation d’exil. À l’intérieur, un accueil de jour et la possibilité d’accéder à des services spécialisés. « J’ai un rendez-vous médical à 15 heures pour ma jambe », indique Ajeel, un ticket à la main. Le trentenaire soulève le bas de son pantalon : avec ses doigts, il dessine sur son mollet, la barre de métal positionnée dans sa chair. « J’ai très mal », avoue cet homme originaire d’Irak. À l’évocation de son pays, son regard s’illumine : « Je suis très fier d’être Irakien », assure-t-il en mimant des muscles avec ses bras. Vingt ans après l’invasion américaine, le pays reste gangrené par des conflits, la corruption et l’instabilité. Ajeel a fait sa demande d’asile en juillet 2022 à Bruxelles. Bientôt neuf mois qu’il dort dehors. Sa procédure enclenchée, il aurait dû bénéficier de conditions d’accueil minimales, mais cela n’a jamais été le cas. Initialement, le hub humanitaire accueillait des personnes migrantes en transit. Aujourd’hui, une grande partie sont des demandeurs d’asile. À leur arrivée, ces derniers doivent se rendre au centre du Petit Château où il leur est notifié qu’il n’y a plus de places. Aux manettes : Fedasil, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeur·ses d’asile. « En ce moment, 3 000 individus sont inscrits sur la liste d’attente. Un bon millier sont hébergés dans le dispositif d’accueil d’urgence bruxellois [financé par le fédéral, NDLR], d’autres sont chez des connaissances, se trouvent dans des squats, à la rue ou ont quitté la Belgique », répondait, mi-avril, Benoît Mansy, son porte-parole….