Le Parlement européen souhaite demander 232 899 euros à Marine Le Pen.

CULTURE

À Montpellier, les actes violents de l’extrême droite sont jugés.

Montpellier (34), 1er juin 2024, 22h30 – Malik (1) se promène paisiblement lors de la fête des fanfares. Cet événement annuel, qui se déroule dans le quartier des Beaux-Arts, est en pleine effervescence depuis plusieurs heures. Tout à coup, une petite dizaine d’hommes, souvent masqués, fait irruption. La suite, il la relatera dans Mediapart quelques jours plus tard :

« Quelqu’un m’a saisi par l’épaule et m’a asséné un violent coup au visage. »

Bilan : une dent endommagée et 42 jours d’ITT. Dans sa plainte, il prétend avoir identifié deux militants d’extrême droite, dont Ongwé L. G. Un témoin, qui a tenté d’intervenir durant l’altercation, a corroboré sa présence. Et le voilà, ce 31 octobre, sur le banc des accusés, mortifié dans une veste de costume bleu marine. Ce jeune homme de 24 ans est membre du Bloc montpelliérain, un groupe qui aspire, depuis le début de l’année, à organiser une mouvance nationaliste-révolutionnaire – des néofascistes – à Montpellier. Il y a un mois, ce groupe a diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux – retirée 24 heures après, mais que StreetPress a pu examiner – illustrée par des extraits d’articles de presse relatant l’agression de Malik. Cela semble s’apparenter à une revendication de l’exaction, qui prend une dimension politique pour la victime en raison de son engagement syndical.

À la barre, Ongwé L. G. se défend tant bien que mal, mais souvent de manière incohérente. Bien qu’il reconnaisse avoir été présent sur le lieu de l’agression, il conteste toute implication. Il aurait été convié par un ami rencontré « par le sport » à « se joindre à un groupe d’ultra-droite lors de cette soirée ». Un ami qui l’aurait « perdu de vue » au moment de l’agression. « J’ai été écarté par ce groupe en raison de mon identité », déclare même le jeune homme métisse, qui ne se serait pas senti « à l’aise » avec eux. Une déclaration étrange, car Ongwé L. G. a échangé et quitté l’audience en compagnie de Martial Roudier, un identitaire particulièrement violent de la Ligue du Midi – il a purgé une peine de prison après avoir poignardé un antifasciste mineur. Le procureur n’est pas dupe :

« Si vous en avez été écarté, cela signifie que vous avez fait partie de ce groupe à un moment donné, non ? »

« Montpellier, c’est l’Allemagne »

Né en janvier dernier sur les cendres de Jeunesse-Saint-Roch, – groupe dont Ongwé L. G. était déjà membre –, le Bloc montpelliérain se fixe pour objectif de structurer une mouvance nationaliste-révolutionnaire à Montpellier. Un phénomène relativement récent dans le panorama des groupuscules d’extrême droite locaux, longtemps dominé par les identitaires de la Ligue du Midi, vieillissante à cause de l’âge de ses membres.

Alors que Jeunesse Saint-Roch se réfère à un mélange de royalisme et de nazisme, de catholicisme traditionnel et de paganisme, la ligne idéologique du Bloc se veut plus unifiée : en témoigne les conférences portant sur « les bases du nationalisme-révolutionnaire » ou « l’anticapitalisme national » que le groupe organise dans des établissements publics. Rapidement, des stickers « Montpellier, c’est l’Allemagne », ornés d’un char Panzer « Tigre » de l’armée nazie, commencent à se disséminer dans l’espace public.

Les membres ont vite commencé à se manifester dans les rues : le 26 janvier dernier, pendant une mobilisation d’agriculteurs mécontents, Dorian M. enfile sa cagoule en plein milieu d’un groupe s’efforçant de chasser un militant communiste du cortège. Suite au désistement des victimes, il a été relaxé ce 30 octobre pour ces actes de violence. Ce même Dorian M. a également procédé à des intimidations envers les journalistes Samuel Clauzier et Ricardo Parreira durant la manifestation. Dans des images dévoilées par Le Poing, média indépendant montpelliérain, muni de gants renforcés, il se fait entendre asséner :

« En réalité, ici, ce sont les blancs. »

À ses côtés, Ongwé L. G. parle des « Français de souche ».

Célébration néofasciste et alliance contre les drags-queens

Le 3 mars, le canal Telegram Ouest Casual met en ligne une vidéo en provenance de Montpellier montrant un jeune homme portant un t-shirt « Action antifasciste Marseille » se faire agresser par des hommes masqués. La vidéo est accompagnée de leur célèbre slogan : « Montpellier, c’est l’Allemagne ». Entre deux entraînements de boxe avec des membres d’Active Club, un autre groupe d’extrême droite violent, les militants du Bloc ont participé à la manifestation parisienne du C9M, où se rassemblent tous les néofascistes de France. Ils ont également concentré leurs attaques sur une autre cible centrale de leur mouvance : les artistes drags. En juin 2024, le Bloc montpelliérain et la Ligue du Midi ont, par exemple, incité leurs abonnés sur les réseaux à faire des « réservations » pour une lecture pour enfants animée par des drags-queens à la librairie Sauramps lors du mois des Fiertés. Face aux menaces et à la vague de haine en ligne, la librairie a dû abandonner l’événement.

À LIRE AUSSI : « Ici c’est comme l’Allemagne nazie » : un homme roué de coups par des militants d’extrême droite à Mâcon

Mais à l’audience, en écoutant maître Mathieu Sassi, l’avocat d’Ongwé L.G., on apprend que c’est bien son client qui serait victime « d’une campagne de diffamation orchestrée par l’extrême gauche locale ». Il a réclamé l’acquittement du militant d’extrême droite ainsi qu’un complément d’information sur l’enquête. Le procureur, quant à lui, a demandé 12 mois de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibilité, une interdiction de port d’arme et un an d’interdiction d’accès au centre-ville de Montpellier. Le jugement sera prononcé le 7 novembre.

(1) Le prénom a été modifié.

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<p>À Porto Rico, colonie des États-Unis depuis plus de 120 ans, un air de changement se fait ressentir. El Hangar apporte sa pierre à l’édifice, en joie et en musique.</p> <p>The post Un hangar queer au cœur de la résistance politique appeared first on VICE.</p>

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Un hangar queer au cœur de la résistance politique

À Porto Rico, colonie des États-Unis depuis plus de 120 ans, un air de changement se fait ressentir. El Hangar apporte sa pierre à l’édifice, en joie et en musique.

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Une journée en compagnie d’un militant de Marine Le Pen

Cet article fait partie d’une série dans laquelle nous avons donné un appareil photo à un(e) militant(e) d’un parti politique pendant la campagne présidentielle de 2022. Retrouvez les autres papiers ici. Au Rassemblement National, c’est souvent une histoire de Famille. Le père, Jean-Marie, a donné les clés du parti à sa fille, avec fracas, il y a près de dix ans. Chez Lucas, c’est tout le contraire. Il l’assure : sa famille n’a jamais vraiment parlé politique. Pas d’enfance brinquebalée sur les épaules d’un père parti faire le tour de France des meetings. Pas de grande colère contre le gouvernement qui nourrit un ralliement familial à un mouvement. Ses parents sont « limite apolitiques » même s’il « pense quand même qu’ils votent Marine ». Lucas a découvert les Le Pen, seul, dans sa chambre d’adolescent. Il avait seize ans, avait arrêté l’école et travaillait dans un zoo. Il traînait sur YouTube et il est tombé sur une vidéo de meeting de la présidente du RN. Pour l’enfant de la campagne, qui a grandi entre un pavillon et une ligne de bus, les mots de Marine Le Pen résonnent avec une réalité sociale qu’il connaît bien. Il se renseigne. Surgissent spontanément sur l’écran de son ordinateur des thèmes qui lui sont chers : droit des femmes, cause animale, lutte contre le terrorisme, immigration. Les bases sont posées, il n’a plus qu’à s’engager.  Sa rencontre avec le militantisme date d’un meeting à Mer (Loir-et-Cher), en pleine campagne pour les élections des députés européens en 2019. Il fait la queue derrière des tables où s’étalent les goodies du parti frontiste et prend une carte d’adhérent au parti. Depuis, il colle des affiches, tracte le programme et monte des vidéos à la gloire de sa candidate. On lui a demandé de nous décrire à quoi ressemble…

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Une journée en compagnie d’un militant d’Emmanuel Macron

Cet article fait partie d’une série dans laquelle nous avons donné un appareil photo à un(e) militant(e) d’un parti politique pendant la campagne présidentielle de 2022. Retrouvez les autres papiers ici. Aurélien faisait déjà partie de l’aventure, il y a cinq ans. Il sortait du lycée et rejoignait les rangs d’un mouvement politique qui mènerait un jeune ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, en tête des sondages. Il toquait aux portes, s’activait sur les réseaux sociaux et aidait à la préparation de meetings en même temps qu’il préparait les concours des instituts de sciences politiques. Aurélien était en marche. Cinq ans plus tard,  jouit-t-il toujours de la même énergie à porter son candidat jusqu’au pouvoir ? Lui demander de nous raconter une journée de militantisme était l’occasion de voir ce qui a pu changer depuis la dernière élection présidentielle.  Aurélien place toujours ses espoirs en Emmanuel Macron et ses marcheurs. Il est convaincu que la gauche et la droite sont des notions dépassées, reliques d’un ancien monde. Lui, jeune électeur, croit en l’Union Européenne, l’innovation et le numérique. Son engagement se poursuit… Mais, plus près des arcanes du pouvoir. Il gère désormais l’agenda stratégique du bureau des Jeunes avec Macron (JAM) et a enfilé le costume de collaborateur auprès de la ministre du Logement. Preuve que le militantisme est aussi un pont vers les cabinets.  Aurélien raconte aussi la fatigue que peut engendrer le militantisme : le risque d’isolement et la perte de prise avec le réel. S’il est toujours engagé dans le mouvement En Marche, il a pris du recul par rapport au terrain. Pris par ses activités de collaborateur, il s’active moins. Il faut dire aussi que son poulain a mis du temps à se déclarer candidat et, qu’accessoirement, il est devenu président de la République. VICE : Tu…

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Une journée en compagnie d’une militante d’Anasse Kazib

Dernière question, toi, jeune militante de gauche, tu y crois à l’union ?Non, je ne crois pas à l’union. Yannick Jadot a manifesté aux côtés d’Eric Zemmour, cet été, pour réclamer plus de moyens pour la police. Ce à quoi je m’oppose. Fabien Roussel (président du Parti communiste français, ndlr) parle du camembert, du saucisson et du vin, comme si c’était la préoccupation des classes populaires aujourd’hui. Pour moi, la gauche s’enfonce dans des débats hors-sol et passe à côté des questions fondamentales du pouvoir d’achat ou de l’écologie. Alors, comment y croire ?  Cet article fait partie d’une série dans laquelle nous avons donné un appareil photo à un(e) militant(e) d’un parti politique pendant la campagne présidentielle de 2022. Retrouvez les autres papiers ici. Source

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Une journée en compagnie d’un militant d’Eric Zemmour

À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, VICE a donné un appareil photo à un(e) militant(e) d’un parti politique pendant la campagne présidentielle de 2022. Retrouvez les autres papiers à partir de demain ici. S’il est question, en se lançant aux côtés d’un candidat à l’élection présidentielle, de défendre une idée de la France, Emmanuel sait parfaitement pour laquelle il milite. Celle d’un pays que ses parents et ses grands-parents lui ont décrit. Le souvenir d’une France avec ses clochers, ses familles nombreuses et une puissance qui alimente ses fantasmes. Il le reconnaît lui-même : il regrette une nation qu’il ne connaîtra pas. Qu’importe d’ailleurs que cette incarnation ait véritablement existé. L’important est ailleurs : s’inspirer du passé pour construire le futur. Pour lui, ne jamais oublier d’où il vient ne signifie pas regarder en arrière mais plutôt arrêter une certaine fuite en avant. Emmanuel déplore l’abaissement du niveau scolaire, s’inquiète de la dégradation de l’Histoire nationale et compare les grandes villes à un coupe-gorge que prédit depuis des années un vendeur de livres à succès qui s’est déclaré candidat, à l’automne : Eric Zemmour.  Il suivait l’éditorialiste à la télévision et dans les journaux depuis longtemps. L’étudiant en troisième année d’école d’ingénierie aimait l’irrévérence de ses prises de position et l’aplomb de son amour pour la France. Il n’a pas mis vraiment longtemps à être convaincu de s’engager quand la rumeur bruissait que l’éditorialiste s’envisageait candidat. Alors, il s’est lancé dans la bataille. Emmanuel décrit avec précision l’offensive numérique de la jeune garde du candidat réactionnaire entamée dès l’été 2021. En pleine pandémie de Covid-19, le militantisme sur les réseaux sociaux a pris une ampleur qui dépasse celle de 2017. Le parcours de l’homme de 23 ans témoigne aussi de la manière dont on peut gravir les…