La Biélorussie, un dilemme pour Poutine qui pourrait empoisonner son avenir
AFPDes manifestants protestent contre les résultats du vote national du 1er juillet qui a approuvé les réformes de la constitution russe, y compris une remise à zéro de la limite constitutionnelle du mandat du président Vladimir Poutine lui permettant de se présenter deux fois de plus et de rester au pouvoir jusqu’en 2036, à Saint-Pétersbourg, le 15 juillet 2020. En Biélorussie, la réélection du président sortant Alexandre Loukachenko pour son sixième mandat, prévue le 9 août 2020, devait se dérouler sans beaucoup de surprises. Après 26 ans au pouvoir, l’homme semblait parfaitement maîtriser le déroulement du processus électoral et paraissait assuré de s’imposer à nouveau avec un score triomphal. Mais un grain de sable a fait dérailler le mécanisme bien huilé de son régime autoritaire: une candidate de dernière minute, Svetlana Tikhanovskaïa. L’autorisation à concourir donnée à cette femme au foyer trentenaire, jugée totalement inoffensive et incapable de faire de l’ombre à l’homme fort de Minsk, s’est révélée être l’erreur fatale d’un président profondément misogyne. En l’espace de quelques semaines, la candidate quasi inconnue a su incarner le rejet massif de Loukachenko et est devenue le symbole du désir de changement d’une grande partie de la population biélorusse. Pourquoi le scénario habituel de la réélection paisible de Loukachenko a-t-il échoué? Que nous révèlent le succès inattendu de Tikhanovskaïa et l’ampleur inédite des contestations des profondes évolutions de la société biélorusse? Et quelle implication ces événements auront-ils au niveau régional? Les vieilles recettes de Loukachenko La tenue régulière d’élections fait partie de ces rituels que l’on tient à observer même dans des pays autoritaires comme la Biélorussie, où l’opposition est marginalisée, la compétition politique impossible dans le cadre des institutions officielles et l’alternance inenvisageable. Les dirigeants en place se plient généralement de bonne grâce à la mise en scène d’élections non concurrentielles dont…