Avec “Arthur Rambo”, Laurent Cantet fait ressurgir l’affaire Mehdi Meklat
CINÉMA – Dans le film, il s’appelle Arthur Rambo. Dans la réalité, c’était Marcelin Deschamps. Le nouveau long-métrage de Laurent Cantet, en salles ce mercredi 2 février, est librement adapté de ce qu’on a appelé “l’affaire Mehdi Meklat”, tempête médiatique survenue en février 2017 alors que des tweets haineux du jeune auteur, signés sous un pseudonyme, avaient été exhumés. Dans le film d′1h30, c’est le convaincant acteur Rabah Naït Oufella (révélé en 2008 dans Entre les murs du même cinéaste) qui se glisse dans le rôle de Karim D. jeune écrivain au succès annoncé et dont le destin bascule en une nuit lorsque de violents messages antisémites, homophobes, racistes ou encore misogynes refont surface. En l’espace de quelques heures, l’auteur prometteur devient paria dans la sphère médiatique et littéraire comme dans le cercle de ses copains avec qui il a fondé une web-télé qui raconte la banlieue. Si Arthur Rambo n’est pas un biopic, le scénario du film est largement inspiré de l’histoire de Mehdi Meklat. À partir de 2007, le jeune journaliste et écrivain forme avec Badroudine Saïd Abdallah le duo “les Kids”, écrit pour le Bondy Blog, co-signe le roman salué Burn out (2015), tient une chronique dans la matinale de Pascale Clark sur France Inter et fait à 24 ans la une de Télérama ou des Inrockuptiblesaux côtés de Christiane Taubira. Mais au lendemain d’un passage dans l’émission La Grande librairie sur France 5 le 16 février 2017, la polémique éclate: Mehdi Meklat tient sur Twitter un compte sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps, un “personnage fictif” s’excusera-t-il ensuite, où s’accumulent des milliers de messages vulgaires, obscènes et violents. La tempête médiatique se déchaîne. Certaines rédactions qui lui avaient donné la parole dénoncent des propos “odieux et inacceptables” (François Busnuel dans un communiqué). D’autres y voient, au…