Un ancien policier a été tué par son Rottweiler avant de pouvoir être jugé pour son implication dans la mort de trois adolescents suite à une course-poursuite avec la police. Photo: Photo by Federico Gambarini/picture alliance via Getty Images.
Un officier de police a été tué par son propre chien alors qu’il attendait d’être jugé dans le procès du « Massacre de Monte », cas emblématique de violence policière qui a tenu l’Argentine en haleine.
En 2019, lors d’une course-poursuite à très grande vitesse, la police argentine ouvrait le feu sur une voiture, des tirs qui ont été décrits par les procureurs comme ayant été effectués « sans aucune raison valable ». Le véhicule pris en chasse par les policiers finissait par s’encastrer dans une remorque, tuant sur le coup trois jeunes adolescents et un adulte. Après une série de manifestations et de scandales, 24 policiers ont finalement été arrêtés, accusés d’être responsable de l’accident ou d’avoir tenté d’étouffer l’affaire.
Parmi les hauts gradés concernés, le commissaire à la retraite Claudio Martinez, assigné à résidence, a été attaqué et mordu au bras par un de ses Rottweiler à son domicile le 10 mai dernier. Il est mort quelques heures plus tard à l’hôpital à la suite de l’hémorragie causée par la blessure. Martinez était notamment soupçonné d’avoir essayé de couvrir les événements de 2019 et d’avoir failli à ses devoirs d’agent public.
Ce décès donne un coup de projecteur au procès à venir qui concerne la quasi-totalité des forces de l’ordre opérant dans la ville de San Miguel del Monte où les faits se sont déroulés.
Ce qui s’est exactement passé au petit matin du 20 mai 2019 n’est toujours pas clair. Carlos Aníbal Suárez, 22 ans, faisait une promenade nocturne dans la ville avec quatre jeunes adolescents : Camila López, 13 ans, Danilo Sansone, 13 ans ; Gonzalo Domínguez, 14 ans, et Rocío Quagliarello, 13 ans, quand ils ont essuyé des tirs de la police locale. Seul Quagliarello a survécu à l’accident qui a suivi après avoir passé des semaines en soins intensifs.
« Il n’y a pas de remède à ce qu’ils ont fait. Mon seul souhait, c’est que les responsables purgent leur peine pour le reste de leur vie » – Rocío Quagliarello
Le lendemain, des manifestations ont éclaté à San Miguel del Monte, bled situé à environ une heure au sud de Buenos Aires, ainsi que dans d’autres villes en Argentine. Parmi les revendications ; l’ouverture d’une enquête sur les policiers partis à la poursuite du véhicule. Le fait divers, rebaptisé « massacre de Monte », a rapidement gagné en notoriété, devenant un symbole des violences policières qui traversent le pays.
Trois policiers se seraient approchés de la voiture et auraient sorti une arme à feu ou une lampe torche, provoquant la fuite du conducteur du véhicule avec les adolescents à l’intérieur. Des policiers auraient ensuite poursuivi puis tiré sur la voiture qui a fini sa course dans une remorque garée sur la route, tuant quatre de ses passagers. Plusieurs douilles provenant des armes à feu des officiers ont été retrouvées sur les lieux de l’accident alors qu’une balle a été extraite de Gonzalo Domínguez.
Les forces de l’ordre auraient ensuite tenté de dissimuler le crime en le faisant passer notamment pour un accident. Sans succès. 24 policiers – soit une majeure partie des fonctionnaires locaux – ont finalement été inculpés en février 2021. Les procureurs ont affirmé qu’il n’y avait aucune raison valable justifiant la course-poursuite engagée par les trois agents et « l’agression illégitime » qui a conduit à la mort des ados. Ils dénoncent également le comportement des 21 autres policiers les ont aidés à dissimuler les preuves.
Deux ans après cette nuit fatidique, la seule victime survivante, Rócio Quagliarello, a parlé de son traumatisme dans sa première interview depuis l’accident : « Ce qu’ils [la police] ont fait, il n’y a pas de remède. »
« Mon seul souhait, c’est que [les responsables] purgent leur peine pour le reste de leur vie », a déclaré Quagliarello aux médias locaux.
Presque trois ans après les faits, le procès de l’emblématique affaire n’a toujours pas eu lieu. Un des officiers concernés ne pourra pas être traduit devant la justice à cause d’un Rottweiler. 23 autres le seront bientôt.
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