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Telles sont les conclusions d’un nouvel outil en ligne appelé Airport Tracker, un projet créé par l’organisation à but non lucratif ICCT (International Council on Clean Transportation), l’ODI, et Transport and Environment, qui vise à attirer l’attention sur « les émissions de dioxyde de carbone (CO2) générées par les avions décollant des aéroports du monde entier », selon le site web. Cet outil « contient des informations sur les 1 300 plus grands aéroports mondiaux, et couvre 99 % du trafic des passagers des compagnies aériennes ».
L’objectif du projet est de combler une lacune dans les informations qui sont normalement divulguées sur les émissions des aéroports civils, explique Ipek Gencsu, chercheuse à l’ODI. « Actuellement, il n’existe aucune donnée publiquement disponible sur les émissions générées par les vols décollant des aéroports du monde entier, explique Gencsu. Il est donc impossible de connaître le véritable impact des aéroports sur le climat, la façon dont ils contribuent aux émissions des villes et des nations, et donc le type de décisions que les gouvernements devraient prendre concernant leur expansion – ou leur existence même. »
D’une certaine manière, c’est un paradoxe. Les principaux aéroports du monde sont situés à proximité de grandes villes, qui sont également des centres politiques important dans la lutte pour répondre à la crise climatique. De plus, le trafic aérien est de plus en plus considéré comme un problème très compliqué à résoudre. L’avion est sans aucun doute un moyen de transport essentiel dans le monde globalisé d’aujourd’hui, et le remplacer par un autre moyen de transport ne semble pas être une priorité pour l’instant. Et si l’outil ne prend pas en compte les émissions des activités aéroportuaires, comme le transport terrestre ou les bâtiments physiques, celles-ci sont négligeables par rapport aux émissions des avions eux-mêmes.
Pourtant, comme l’explique Genscu, lorsque les villes, les comtés ou les États tentent de mesurer leur impact respectif sur les émissions, ils n’incluent « presque jamais » les émissions créées par les aéroports, un problème encore plus important dans des villes comme New York, Londres, Pékin et Moscou, qui comptent chacune plusieurs grands aéroports et des milliers de vols par jour. « C’est très étrange et hypocrite, car l’impact économique positif des aéroports et de l’industrie aéronautique sur les villes est souvent relevé et célébré », dit Genscu.
La découverte la plus « choquante » pour Genscu a été l’inégalité mondiale autour du transport aérien. D’après ses données, seuls 20 aéroports seraient responsables de 27 % des émissions de CO2 dues au transport de passagers. Seuls 100 des 1 300 aéroports sont à l’origine des deux tiers du CO2 émis par les passagers aériens. Et 86 de ces 100 aéroports sont situés en Asie-Pacifique, en Amérique du Nord et en Europe. Et alors qu’un quart de la population humaine de la planète vit en Afrique et en Amérique latine, ces régions ne comptent aucun des 20 aéroports les plus polluants de la planète. Alors que les pays d’Europe, d’Amérique du Nord et certaines régions d’Asie progressent en matière de réduction des émissions, le transport aérien constitue une exception flagrante.
Si le nouvel outil en ligne constitue une approche novatrice pour montrer les conséquences des voyages aériens sur nos communautés et sur la planète, Genscu n’a pas de conseil particulier à donner pour y remédier. Elle affirme que la meilleure chose à faire pour ceux qui veulent réduire leur impact climatique est de minimiser les voyages et de remplacer les trajets en avion par des trajets en train – ce qui est plus facile dans certains pays que dans d’autres.
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