Perplexes, les gardiens ont alors essayé de les mettre un peu plus en ambiance. Ils leur ont construit un nid plus grand et ont modifié leur régime alimentaire, mais rien n’y a fait. En fait, ils n’avaient jamais vu les oiseaux en action, mais après tout, ces derniers attendaient peut-être que personne ne les regarde.
Ce n’est qu’en 2020 qu’ils ont décidé de leur faire passer un test ADN. Au début du mois, le zoo a annoncé que Toto, le plus grand des deux, celui qu’on pensait être le mâle, était en réalité une femelle, tout comme Poko.
« Lorsque nous les avons achetés en 2013, on nous a dit qu’il s’agissait d’un mâle et d’une femelle, dit Hideaki Yamamoto, responsable de la reproduction au zoo. Il est difficile de déterminer leur sexe à partir de leurs caractéristiques physiques, donc nous ne pouvions pas deviner. »
Pour brouiller encore plus les pistes, les toucans ont manifesté un comportement de parade nuptiale, que l’on observe habituellement entre partenaires d’accouplement. « Toto nourrissait Poko. Et si Poko s’envolait du nid, Toto la suivait pour être près d’elle, raconte Yamamoto. Nous savons à présent que les oiseaux de même sexe peuvent aussi avoir ces comportements. »
La parade nuptiale entre oiseaux du même sexe, qui comprend des danses, des cadeaux ou de l’« exhibitionnisme », ont été documentés chez plus de 130 espèces. Cela a poussé la communauté scientifique à s’interroger sur le but de ces comportements : si cela n’aide pas à produire une progéniture, pourquoi s’embêter à danser ?
Mais les recherches menées par des spécialistes comme Geoff MacFarlane, biologiste à l’université australienne de Newcastle, montrent que les oiseaux peuvent manifester un comportement homosexuel, voire avoir des relations sexuelles homosexuelles.
Dans une étude portant sur plus de 93 espèces d’oiseaux, MacFarlane a remarqué que les mâles qui avaient moins de responsabilités parentales avaient davantage tendance à manifester un comportement homosexuel. Plus de temps libre signifie plus de liberté pour l’exploration sexuelle.
Le même phénomène a été observé chez des macaques japonais femelles. Des scientifiques ont même identifié des macaques mâles en compétition avec les femelles pour attirer les partenaires.
Au zoo de Maruyama, Yamamoto espère augmenter le nombre de toucans et envisage d’ajouter un mâle au couple. Ce jour-là, le zoo saura si Toto et Poko sont aussi inséparables qu’elles le semblent.
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